Rokia Traoré

Avec son album Tchamantché, la Malienne a remporté une Victoire de la musique le 28 février dernier, à Paris.

Publié le 10 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

En récompensant Rokia Traoré le 28 février dans la catégorie « meilleur album de musiques du monde » pour 2008, le jury des 24es Victoires de la musique, en France, a salué la qualité. Il a également prouvé que la singularité d’une artiste peut encore être primée au détriment des facilités commerciales souvent plébiscitées dans ce type de cérémonie.

Dans le cas de la chanteuse malienne, âgée de 35 ans, le qualificatif de « musique africaine » ou de « world » est d’ailleurs devenu impropre. Après Mouneïssa (1998), Wanita (2000) et Bowmboi (2003), l’album Tchamantché, couronné durant cette soirée, marque une rupture dans sa carrière et son style. Aux confins du folk et du rock, ses couleurs tranchent nettement avec les sons issus du blues mandingue ou de la tradition des griots auxquels la native de la région du Beledougou nous avait habitués. Le balafon cède la place à la batterie. La guitare remplace progressivement le n’goni.

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L’album confirme également des talents évidents d’écriture et de compositrice. Sur les onze morceaux, dix sont de sa plume. Quant au onzième, le classique « The Man I Love » rendu célèbre par les interprétations de Billie Holiday, il est la preuve que la voix chaude et émouvante de Traoré relève désormais davantage du répertoire afro-américain.

Grande, belle, filiforme, la guitare Gretsch typique des musiciens de folk toujours bien en vue durant ses concerts, Rokia Traoré était en lice avec le Nigérian Seun Kuti, le groupe ivoirien Magic System et le chanteur guadeloupéen Slaï. Enfant de diplomate, Rokia, qui vit entre Bamako et Amiens, dans le nord de la France, a toujours été au contact de multiples cultures. Elle a appris, observé, assimilé pour restituer au final un subtil mélange de genres. En bambara, tchamantché signifie « recherche de l’équilibre ». Cet album, comme cette victoire, y contribuera indubitablement. Pour ceux qui n’en sont pas encore convaincus, ils pourront la voir le 19 mai sur la scène de l’Olympia, à Paris.

Dans un autre registre, celui des musiques dites urbaines, le trophée décerné le même soir au slameur d’origine congolaise Abd Al Malik était plus attendu. Pour cette victoire, le jury n’a pas surpris. Hélas diront certains, déçus que son concurrent Grand Corps Malade, ou même Tunisiano, n’ait pas raflé la mise. Véritable phénomène en France depuis Gibraltar en 2006, le nouveau visage de la morale positive pour adolescents en quête de sens a reçu une Victoire pour Dante, son troisième album.

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