Abdoulaye Bio Tchané
Président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD)
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Jeune Afrique : Que faut-il attendre de la conférence du FMI en Tanzanie, les 10 et 11 mars ?
Abdoulaye Bio Tchané : J’ai eu l’initiative, bien avant la crise, de cette conférence lorsque j’étais directeur Afrique du FMI jusqu’en mars 2008. À cette époque, nous voulions voir, avec Dominique Strauss-Kahn, quelles étaient les pistes pour relancer la croissance africaine qui se tassait déjà sous l’effet des crises alimentaires et de l’énergie, qui amputaient chacune de 1 % le PIB africain. Cette réunion demeure d’importance pour trouver des solutions individuelles, collectives entre Africains et savoir ce qu’on peut attendre de la communauté internationale à un moment où l’économie du continent risque d’être très déstabilisée par la crise.
La crise frappe-t-elle le continent ?
n en ressent les effets en Afrique de l’Ouest. Les migrants du Sénégal, du Mali, mais aussi du Togo et du Bénin, contribuent au financement de l’économie à hauteur de 14 % à 20 % du PIB. Les rentrées devraient chuter de 3 % en 2009. Des investissements miniers sont reportés. En Côte d’Ivoire, la filière bois a supprimé 18 000 emplois depuis janvier. Par ces temps difficiles, il faut accélérer les réformes, être plus imaginatif dans les financements car les IDE se tarissent et l’aide au développement diminuera. Il faut davantage aller vers des partenariats public-privé, et des banques comme la BOAD ou la BAD pourraient s’engager dans le financement du commerce extérieur. Le développement de solutions régionales dans l’agriculture, les transports ou les infrastructures s’impose aussi.
Faut-il un plan de relance pour l’Afrique ?
Il n’existe pas de cadre institutionnel pour mettre en place ce genre de solution. Or ce qui se passe en Europe, aux États-Unis et en Chine nous montre qu’il y a une dimension régionale à la sortie de crise. L’occasion d’ouvrir cette voie se présentera en mai, à Dakar, lors d’une réunion de la BAD. Personne ne pourra éluder la discussion sur la nécessité d’une politique budgétaire régionale. La crise n’est pas à notre porte mais dans la maison.
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