Les réformateurs en ordre dispersé
Mohamed Khatami ne se faisait aucune illusion. En vieux routier de la politique, l’ex-président réformateur, candidat à la présidentielle du 12 juin, savait que son chemin serait semé d’embûches. Il avait pu en avoir un avant-goût le 10 février, deux jours après l’officialisation de sa candidature. Son nom avait été sifflé aux cris de « mort à l’hypocrite » pendant les cérémonies du 30e anniversaire de la Révolution par un groupe d’ultraconservateurs proches de l’actuel président, Mahmoud Ahmadinejad.
D’abord réticent à l’idée de repartir en campagne, le « Seyyed » Khatami s’est laissé convaincre, car, lui a-t-on expliqué, il représente la meilleure chance de victoire de son camp. Chacun s’imaginait que l’hodjatoleslam Mehdi Karroubi, ancien président du Parlement, considéré comme un réformateur pragmatique, s’effacerait à son profit. Il a été le premier à se déclarer, le 12 octobre 2008. Déjà candidat en 2005, il avait été à deux doigts de créer la surprise en arrivant au second tour. Il avait attribué sa défaite à une fraude massive au profit d’Ahmadinejad. À 71 ans, cet ancien dirigeant de la Fondation des martyrs a de solides appuis dans le système et sait que sa chance ne se représentera plus. Il l’a encore répété le 3 mars au Financial Times, il n’a pas l’intention de se retirer. Plus ennuyeux pour Khatami, l’hypothèque Mir-Hossein Moussavi, que l’on croyait levée, refait surface. Premier ministre entre 1981 et 1988, cet Azéri de 68 ans a longtemps fait figure de meilleur candidat possible pour l’alliance des réformateurs. D’abord réticent, il semble aujourd’hui enclin à se présenter. Cette profusion des candidatures, si elle se confirmait, constituerait le pire des scénarios pour les réformateurs, qui iraient au combat présidentiel plus divisés que jamais.
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