L’homme d’Israël au Liban

Démasqué par le Hezbollah, qui l’a livré à l’armée libanaise, Ali al-Jarrah fournissait des renseignements au Mossad depuis 1983.

Publié le 10 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

Le scénario, rapporté par l’International Herald Tribune, est digne des meilleurs films d’espionnage. Son personnage principal, Ali al-Jarrah, est incarcéré depuis juillet 2008 dans une prison libanaise. Pourtant, ce Libanais de 50 ans a longtemps été un homme au-dessus de tout soupçon. Bon père de famille, loyal envers ses amis, il vivait depuis près de trente ans à Maraj, un petit village de la vallée de la Bekaa. Et, comme tous ses voisins, se disait un fervent défenseur de la cause palestinienne et un ennemi juré d’Israël. C’est ce même homme qui est arrêté en 1983, en pleine guerre du Liban, par des officiers israéliens, qui lui proposent de le rétribuer en échange de renseignements sur les militants palestiniens, le Hezbollah et les mouvements des troupes syriennes. Il commence alors sa carrière d’informateur pour le compte du Mossad. Les services israéliens lui procurent du matériel électronique, des appareils photo, des systèmes radio, une couverture de cadre et un passeport israélien. Durant toutes ces années, Ali al-Jarrah multiplie les voyages en Syrie, au Sud-Liban, mais aussi en Belgique ou en Italie. Il se rend aussi en Israël pour des séances de débriefing.

On peut s’étonner que pendant toutes ces années personne ne se soit douté de rien. Mais Ali al-Jarrah est un personnage complexe, vraisemblablement porté sur le secret et la dissimulation. Ces qualités n’ont pas échappé au Mossad, qui a su tirer parti du fait qu’il avait une seconde épouse cachée, logée dans un petit appartement modeste, à Masnaa, à la frontière syrienne. Sa première femme, Maryam Shmouri, et leurs cinq enfants résidaient à Maraj et menaient grand train dans une luxueuse propriété qu’il avait fait construire après son « enrôlement » grâce à l’argent que lui rapportaient ses « missions ». Au cours de sa « carrière », il aurait amassé pas moins de 300 000 dollars. Ali n’est pas le premier Jarrah à faire parler de lui. L’un de ses cousins, Ziyad, n’est autre que le kamikaze du vol 93 qui s’est écrasé en Pennsylvanie lors des attaques du 11 Septembre. Ali al-Jarrah n’aurait peut-être jamais été démasqué si le Hezbollah ne s’était pas penché sur son cas. Le 7 juillet 2008, le mouvement chiite l’interpelle, avec son frère Youssef, qui a collaboré avec lui à partir des années 1990. Pendant trois mois, sa femme reste sans nouvelles, jusqu’à ce que l’armée libanaise l’appelle pour l’informer que son mari a été emprisonné. Depuis, Ali et Youssef attendent d’être jugés devant un tribunal militaire. Ils encourent la peine de mort pour haute trahison et espionnage.

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