Vers une économie de la connaissance
Soucieux de préparer l’après-pétrole, l’émirat s’est engagé dans une politique volontariste de promotion de l’excellence universitaire sous l’impulsion du couple régnant.
Doha, capitale mondiale de l’éducation ? La question aurait semblé incongrue il y a dix ans. Elle ne l’est plus aujourd’hui. Les 28, 29 et 30 septembre 2009, la capitale du Qatar accueillera le premier sommet mondial dédié à l’innovation dans l’éducation. Baptisé Wise – acronyme anglais bien trouvé et signifiant « sage » –, l’événement, parrainé par la Fondation du Qatar, vise à créer une plate-forme pluridisciplinaire internationale destinée à imaginer les modèles éducatifs du XXIe siècle.
« Wise sera un forum qui réunira des universitaires, des experts et des décideurs triés sur le volet et issus à la fois du secteur public et du privé, explique le Dr Abdullah Ibn Ali Al Thani, vice-président délégué à l’éducation de l’institution qatarie. Et six projets, en adéquation avec les trois thèmes directeurs du forum, le pluralisme, la pérennité et l’innovation dans l’éducation, seront primés. » L’Agence universitaire de la francophonie (AUF) et la Rand Corporation figurent parmi les partenaires de cette initiative, présentée à Doha le 26 février.
Les pays du Golfe, qui, à l’exception de Dubaï, disposent d’énormes réserves financières, ne veulent pas répéter les erreurs des années 1980 et jeter l’argent par les fenêtres. L’éducation et les énergies renouvelables ont été retenues comme les deux directions à suivre pour faire le meilleur usage de la rente pétrolière et gazière. Et une véritable émulation est née dans la région. Avec Masdar City, première ville 100 % écologique, alimentée par l’énergie solaire et éolienne, où les voitures seront interdites et qui surgira des sables d’ici à 2015, Abou Dhabi a pris une longueur d’avance sur ses voisins. L’émirat, qui héberge depuis octobre 2006 un campus de la Sorbonne, s’est aussi bien positionné dans la compétition universitaire internationale. Mais, en matière d’éducation, le champion incontesté reste le Qatar.
Des programmes très pointus
Doha s’est en effet engagé, depuis 1995, dans une politique volontariste de promotion de l’excellence universitaire. Inspirée directement par l’émir Cheikh Hamad Ibn Khalifa Al Thani, elle est mise en œuvre par la Fondation du Qatar, la richissime institution dirigée par son épouse, Cheikha Mozah Bint Nasser Al Misnad. Riche en pétrole et recélant les troisièmes réserves mondiales de gaz naturel, le Qatar avait largement les moyens d’envoyer ses étudiants les plus doués dans les meilleures universités anglo-saxonnes. Mais il a préféré faire l’inverse et attirer les meilleures universités étrangères. « Nos jeunes, habitués à évoluer dans un environnement surprotégé et surprotecteur, ne sont pas forcément prêts à supporter le choc de l’expatriation au sortir de l’adolescence, explique Dr Ahmad Hasnah, vice-président délégué pour l’éducation supérieure à la Fondation du Qatar. C’est pourquoi nous avons eu l’idée de créer la Cité de l’éducation et de rassembler, sur un même campus, des établissements renommés qui proposeraient des programmes très pointus, techniques et adaptés aux besoins de notre économie en pleine expansion. »
Construit à coups de milliards de dollars, le campus de la Cité de l’éducation, situé aux portes de Doha, abrite déjà six établissements américains, dont l’université Texas A&M (ingénierie), la Carnegie Mellon University de Pittsburgh et le Medical College Weill Cornell (New York). D’autres devraient les rejoindre. Au total, 2 500étudiants, dont une majorité d’étudiantes, originaires de l’émirat, d’autres pays arabes, mais aussi d’Europe et d’Asie, y sont scolarisés. Le Qatar veut préparer « l’après-pétrole » et favoriser l’avènement d’une économie de la connaissance. En consacrant 2,8 % de son PIB à la recherche –25 % de plus que la France –, il s’en donne les moyens.
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