Arsenal sans frontières

D’après un rapport d’Amnesty International, plus d’une vingtaine de pays –  États-Unis en tête – fournissent l’État hébreu en armes de tous genres.

Publié le 10 mars 2009 Lecture : 3 minutes.

Une semaine après la fin de l’attaque israélienne contre Gaza, les limiers d’Amnesty International (AI) étaient sur place et dans le sud d’Israël pour enquêter sur les armes utilisées pendant le conflit et en identifier la provenance. À Gaza, les experts d’AI ont retrouvé des fragments d’obus d’artillerie et de char, des ailettes d’obus de mortier, des restes de missiles Hell­fire et de bombes au phosphore blanc « made in USA ». Selon leur rapport, rendu public le 23 février, il ne fait aucun doute que Tsahal a utilisé du phosphore blanc dans des zones très densément peuplées, violant ainsi le traité de Genève (1980).

Les experts ont également découvert des fléchettes, ces projectiles métalliques de 4 cm, agencés dans des obus et tirés depuis des tanks. D’après la revue américaine Jane’s Intelligence Defence Review, Israël les aurait achetées aux Américains après la guerre de 1973 et en posséderait encore des milliers. Malgré l’existence de nombreux rapports faisant référence à l’utilisation par Tsahal d’armes DIME (Dense Inert Metal Explosive), des bombes à pouvoir létal, AI n’en a pas trouvé trace à Gaza. Elle a cependant interrogé des médecins qui ont décrit des blessures – nécroses ou amputation de membres entiers, brûlures profondes – ayant pu être causées par des armes de ce type. Les DIME sont très cancérigènes et peuvent provoquer une mort aussi rapide qu’inexpliquée. D’autres armes nouvelles ont été identifiées, comme ces missiles lancés par des drones et qui, en explosant, projettent de minuscules cubes de métal aux bords acérés. Des traces de ces projectiles sont encore visibles à Gaza, encastrés dans d’épaisses portes métalliques ou des murs de béton.

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Selon le rapport d’AI, plus de vingt pays ont vendu à Israël des armes ayant servi à commettre des crimes de guerre et à mener des attaques aveugles contre la population civile. Malcolm Smart, directeur d’AI au Moyen-Orient, appelle au gel des ventes d’armes à l’État hébreu et interpelle l’administration Obama pour qu’elle mette un terme à l’aide militaire américaine.

Dix-huit États membres de l’UE

Les États-Unis sont – et de loin – le premier fournisseur d’Israël : en 2007, les deux pays ont signé un contrat d’aide militaire sur dix ans d’une valeur de 30 milliards de dollars. Entre 2004 et 2007, les ventes américaines ont représenté 95 % des achats commerciaux effectués directement par Israël, pour un montant total de 8,3 milliards de dollars. Une cargaison de plusieurs tonnes de munitions a d’ailleurs été acheminée vers le port israélien d’Ashdod dans le courant de décembre 2008 en provenance de Caroline du Nord.

À une tout autre échelle, la France, l’Allemagne ou la Grande-Bretagne exportent également des armes vers l’État hébreu. Selon le rapport 2008 de l’Union européenne (UE) sur les licences d’exportation d’armes, dix-huit États membres ont accordé 1 018 licences pour une valeur de 199 millions d’euros. Si l’État hébreu produit ses pistolets et ses fusils d’assaut (Galil et Tavor), il achète des chars à la Roumanie et des armes de pointe à la Finlande et à la Corée du Sud. Derrière les États-Unis, les plus importants fournisseurs d’équipement militaire sont la Serbie-Monténégro, la Pologne et la Roumanie.

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Côté palestinien, le rapport indique que l’arsenal du Hamas et des diverses milices est très largement inférieur à celui d’Israël. À Sdérot et Ashkelon, AI a retrouvé des fragments de roquettes Qassam, missiles de fabrication artisanale de courte portée, dont les charges explosives sont élaborées à partir d’engrais. Les groupes armés palestiniens ont pu se fournir en missiles de plus longue portée, comme les Grad russes ou les Fadjr iraniens, via les tunnels de contrebande entre Gaza et l’Égypte. Amnesty n’a pu identifier les fournisseurs directs du Hamas et n’a trouvé aucun élément prouvant l’implication de l’Iran, mais elle n’en appelle pas moins à un moratoire sur les ventes d’armes aux Palestiniens, les tirs de roquettes contre des civils relevant du crime de guerre.

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