Un Diomandé peut en cacher un autre

« Tu connais un certain Mamadou Diomandé, qui crée un nouveau parti politique en Côte d’Ivoire, le Rassemblement démocratique panafricain [RDP] ? me lance un collègue, de bon matin, en me tendant la dépêche du jour [4 mars]. On compte mettre l’information sur notre site Web. » Je jette un œil rapide : « Oui, je le connais. C’est l’ancien avocat du sergent-chef en exil Ibrahim Coulibaly, alias “IB”, qui faisait office de porte-parole du Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire [MPCI, ex-rebelles]. »

Accaparé par mon travail, je ne lirai la dépêche en détail que quarante-cinq minutes plus tard. Le temps de m’apercevoir que le « Diomandé » en question réside aux États-Unis, alors que le « mien » vit à Saint-Nazaire, en France. Coup de fil à ce dernier : « Non, ce n’est ni moi ni un de mes frères, répond-il, hilare. Quant à mes ambitions politiques, pourquoi pas, mais plus tard ! »

Une fois réglée la question du Web, où l’info est restée trente-cinq minutes en ligne, je m’informe du nouveau venu en politique. Parfait inconnu pour les Ivoiriens, le Dr Mamadou Diomandé, 52 ans, réside outre-Atlantique depuis 1991, où il milite dans diverses associations ivoiriennes. Pharmacien, il commercialise des médicaments, notamment en Afrique de l’Ouest.

Social-démocrate, le « docteur » est un ancien sympathisant du Rassemblement des républicains (RDR, le parti d’Alassane Dramane Ouattara). Déçu par les formations traditionnelles, il souhaite former « une troisième voie », face au clan présidentiel et aux houphouétistes, en ralliant à sa cause les petits partis créés dernièrement par d’anciens leaders estudiantins et des représentants de la société civile.

De son homonyme, il ne sait pas grand-chose, si ce n’est qu’il a été condamné par la justice française pour complicité dans une tentative de coup d’État orchestrée par IB, en 2003. Ses amis lui conseillaient même, à l’époque, de ne pas mettre les pieds à Abidjan pour ne pas être arrêté dès son arrivée à l’aéroport…