La partie s’annonce serrée pour Tiébilé Dramé. Nommé envoyé spécial de l’ONU à Madagascar, l’ex-ministre malien des Affaires étrangères est arrivé le 4 mars à Antananarivo pour poursuivre la médiation entre le maire de la capitale, Andry Rajoelina, et le président de la République, Marc Ravalomanana. Mais, après plusieurs rencontres organisées entre les deux hommes sous l’égide du Conseil des Églises chrétiennes de Madagascar (FFKM), à la fin de février, la rupture semble consommée. Alors que le camp du maire multiplie les appels à manifester, le pouvoir durcit le ton, empêchant toute mobilisation massive dans la capitale. Résultat : après deux jours d’affrontements, Rajoelina s’est retiré des pourparlers engagés avec le gouvernement.
La nomination de Dramé intervient alors que Haïlé Menkerios, sous-secrétaire général de l’ONU chargé des affaires politiques, s’est déjà rendu à deux reprises à Tana pour tenter de renouer les fils du dialogue. De son côté, l’Union africaine a dépêché sur place son commissaire pour la paix et la sécurité, Ramtan Lamamra, qui a évoqué avec le chef de l’État la tenue du prochain sommet de l’organisation panafricaine, prévue début juillet à Tana. L’UA aurait accordé un délai de quinze jours au président malgache pour calmer le jeu. En cas d’échec, Tana pourrait être privé de sommet.
Quant au règlement politique de la crise, une solution a été évoquée par l’Ivoirien Amara Essy. L’émissaire de l’UA à Madagascar préconise la mise en place d’un « gouvernement ouvert à l’opposition » tout en déplorant que les deux parties campent sur des positions « très figées ». Alors que Ravalomanana exige que la Constitution soit respectée, Rajoelina, lui, demande la reconnaissance de la « Haute Autorité de transition » dont il s’est autoproclamé président… et la démission du chef de l’État. « J’espère que les médiateurs internationaux contribueront à dénouer la crise, lâche Elia Ravelomanantsoa, bras droit de Rajoelina à la communauté urbaine d’Antananarivo. Mais ils doivent se méfier des solutions toutes faites qu’on impose souvent en Afrique. Et respecter la spécificité de Madagascar. »
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Sur le terrain, les deux camps semblent opter pour l’épreuve de force. En empêchant les manifestations à Tana la semaine dernière, Ravalomanana a montré qu’il gardait un certain ascendant sur les forces de l’ordre, restées neutres depuis le début de la crise. Conséquence : Rajoelina, qui voit son mouvement freiné à Tana, tente de porter la contestation en province.
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