Ils ont gagné

« Aujourd’hui, c’est la lutte qui paie », s’est félicité Elie Domota, le leader du collectif LKP (Liyannaj kont pwofitasyon, « Ensemble contre l’exploitation »), le 4 mars, après avoir signé avec le préfet Nicolas Desforges un protocole d’accord mettant fin à la grève générale qui durait depuis quarante-quatre jours en Guadeloupe.

En effet, non seulement le LKP l’emporte sur toute la ligne, mais il obtient une avancée que le Medef (patronat) refusait jusque-là et qui avait failli faire échouer les négociations : une augmentation de 200 euros par mois pour les bas salaires (jusqu’à 1,4 smic).

Provoquée par la flambée des prix et la vie chère, la colère des Guadeloupéens aura porté ses fruits : l’application des 165 points de l’accord devrait fortement améliorer leur pouvoir d’achat.

D’abord, les prestations sociales seront revalorisées. À compter du 1er mars, le revenu supplémentaire d’activité sera versé aux salariés touchant jusqu’à 1,4 fois le smic ; l’État versera une prime de solidarité active de 200 euros aux 51 000 foyers les plus défavorisés ; les collectivités locales donneront 25 euros par mois pendant un an aux salariés jusqu’à 1,4 smic ; la région octroiera 100 euros aux 80 000 foyers les plus modestes, avant le 30 juin.

Ensuite, la hausse des prix sera freinée. Le prix de la baguette est gelé ; celui de l’eau baissera de 3 % à 10 % selon les communes ; les loyers sociaux resteront inchangés en 2009 ; les tarifs des transports interurbains diminueront de 20 % d’ici au mois de juin ; enfin, l’État mettra 40 000 billets aller-retour Pointe-à-Pitre - Paris à 340 euros à la disposition des familles les plus défavorisées.

L’emploi n’a pas été oublié. Huit mille jeunes de 16 à 26 ans se verront proposer un plan d’urgence d’insertion. Un observatoire sur « l’égal accès à l’embauche » sera créé, et une « Charte de l’embauche locale » élaborée.