Un lion bien indécis
En ce moment, il y a un Marocain qui épate tous les Hollandais, qui suscite les commentaires les plus élogieux, qu’on voit tous les dimanches à la télé : il s’agit du footballeur Mounir El Hamdaoui, le meilleur buteur du championnat des Pays-Bas. Il serait d’ailleurs plus exact de parler de « Néerlandais d’origine marocaine » puisqu’il est né à Rotterdam le 14 juillet 1984. Il y a là pas mal d’ironie, d’être né un 14 juillet, mais de s’appeler Mounir et d’être hollandais… Voilà qui illustre en quelques mots la complexité de la situation des « deuxième génération ».
El Hamdaoui est l’avant-centre du club de football AZ d’Alkmaar. Cette petite ville de province est surtout connue des touristes pour le marché au fromage qui s’y tient tous les vendredis depuis… quatre siècles. C’est le seul endroit des Pays-Bas où la chose se vend en gros, à la criée, sur la grand-place, ce qui vaut aux habitants du cru le surnom plaisant de kaaskop (« tête de fromage »).
L’équipe nationale des Pays-Bas veut enrôler El Hamdaoui, qui a d’ailleurs déjà joué dans la sélection des moins de 21 ans. Mais il y a un hic : le jeune homme avait ensuite demandé à la Fifa de pouvoir jouer pour l’équipe nationale du Maroc et il avait obtenu la dérogation idoine. Cependant, après avoir joué en tout et pour tout deux matches en tant que Lion de l’Atlas, le voilà qui veut de nouveau jouer pour le onze hollandais, dont le symbole est… le lion (tout court).
– Un lion en vaut un autre, clame El Hamdaoui, je ne vais pas me transformer en lézard ou en ouistiti, je reste qui je suis (voyez ma crinière), mais je passe du vert-et-rouge marocain à l’orange.
L’orange ? N’est-ce pas un fruit typiquement marocain ? Certes, mais c’est aussi la couleur « officielle » de la Hollande, à cause de la dynastie régnante : la maison d’Orange (dont les titres de noblesse viennent en fait de la ville française du même nom – on n’en sort pas).
La Fifa, ne comprenant rien à cette ratatouille, vient de refuser à Mounir le droit de jouer de nouveau pour les Pays-Bas. On peut changer une fois d’avis et c’est tout. Pas question de changer de maillot comme de chemise. Voilà donc notre sympathique Mounir condamné à jouer contre les Écureuils béninois ou les Éléphants de Côte d’Ivoire au lieu de se frotter à l’ours russe ou au coq français. Amis lecteurs du royaume chérifien, la prochaine fois que El Hamdaoui viendra jouer au Maroc, faites-lui bon accueil et, pour qu’il se sente chez lui, offrez-lui à la mi-temps, au lieu des traditionnels citrons, un beau fromage…
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