Yves Le Fur

Directeur du département du patrimoine et des collections du musée du Quai Branly, à Paris

Publié le 3 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

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Art Africain: le pillage continue

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Jeune Afrique : Comment procédez-vous pour acquérir de nouvelles pièces ?

Yves Le Fur : Dès la mise en place du projet du musée du Quai Branly, l’institution s’est dotée d’un comité d’acquisition. Aujourd’hui, il est composé de 18 membres : personnalités extérieures, collectionneurs ou spécialistes, comme Samuel Sidibé, le directeur du Musée national du Mali à Bamako. Depuis 2005, notre budget annuel d’acquisition s’élève à 1,8 million d’euros et nous avons acquis, de 2006 à 2008, plus de 1 800 œuvres, dont 1 013 pièces par dons et 105 par legs. Nous sommes en relation avec des collectionneurs et des galeries, en France et à l’étranger. Beaucoup d’acquisitions se font lors de ventes aux enchères. Mais nous avons aussi des missions de collecte. Dans ce cas, un conservateur ou un chercheur se déplace, en Afrique par exemple, pour recueillir ou faire produire certains types d’objets.

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De quels moyens disposez-vous pour tracer l’origine des œuvres ?

Si les pièces sont achetées auprès de collectionneurs, il est aisé de retracer leur histoire. On sait comment elles sont arrivées en Europe. Souvent, ce sont des particuliers qui les ont ramenées d’Afrique à une époque précise. Avec les galeristes, les choses sont un peu plus floues. Néanmoins, nous parvenons à établir l’origine des pièces, car les marchands savent que le musée a besoin à la fois de transparence et d’histoire.

Mais les choses ont changé avec l’arrivée des maisons de vente qui ont organisé de très grosses ventes d’art primitif et dont le marché est en pleine expansion. Or ces maisons ne sont pas obligées de révéler la provenance des œuvres. Nous avons peu de temps pour réagir et nous suivons les recommandations du Conseil international des musées (Icom).

Le problème se pose souvent avec les objets archéologiques. Dans ce cas, nous travaillons avec les ambassades des pays d’origine. Lors d’une vente, par exemple, nous étions intéressés par une pièce. Nous avons pris contact avec l’ambassade qui nous a alors informé que l’objet était recherché par Interpol. Bien évidemment, nous avons renoncé à l’achat.

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Faut-il réguler ce marché ?

On peut discuter du bien-fondé de cette sorte de censure en rapport avec tout ce qui est archéologique. Il ne faut pas non plus aller dans le sens d’une interdiction totale vis-à-vis des pièces archéologiques. Si vous prenez l’exemple de certaines pièces africaines, comme les Nok, des centaines d’entre elles sont sorties du continent et créent un marché parallèle. Tout le monde le sait et en profite. De toute manière, les pièces sortent. Ce n’est pas la peine de crier au pillage de l’Afrique. La vraie question est : que faire de ces pièces sorties ? Discutons du bien-fondé de ces acquisitions.

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