L’année de la Côte d’Ivoire ?

De retour d’une mission dans le pays, la Banque mondiale et le FMI préparent un vaste programme de soutien à la relance de l’économie de près de 2 milliards de dollars.

Publié le 3 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

Après un tour d’horizon des perspectives de l’économie ivoirienne, une délégation conjointe du FMI et de la Banque mondiale (BM) est revenue rassurée de Côte d’Ivoire, le 18 février. Poids lourd régional même après le conflit de 2002 – la Côte d’Ivoire représente environ 40 % du PIB de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA) –, le pays retrouve peu à peu toute sa vitalité pour jouer à nouveau son rôle de locomotive économique de la sous-région. « La Côte d’Ivoire s’achemine vers une sortie de crise maintes fois annoncée. L’année 2009 sera celle de la normalisation politique et de la régularisation économique. D’ailleurs, la Banque mondiale recommandera l’adoption, avant la fin mars, d’une facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC) de 150 millions de dollars », annonce Madani Tall, le directeur des opérations de l’institution en Côte d’Ivoire.

Même si elle n’échappe pas à la crise mondiale actuelle, la Côte d’Ivoire a connu une croissance de 2,8 % en 2008. Elle s’achemine vers une progression du PIB de 3,7 % cette année, qui pourrait atteindre les 4,5 % en 2010. La croissance de 1,7 % en 2007 et les années de stagnation entre 2000 et 2006 (– 0,4 % de croissance en moyenne) sont oubliées. « Mais les défis restent importants », insiste Madani Tall. Même si la dette devrait être effacée de moitié dans les deux ou trois ans à la suite de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) et d’un accord avec le Club de Rome, elle reste de 12 à 14 milliards de dollars. Or le pays consacre 500 milliards de F CFA (1 milliard de dollars) par an à réduire sa dette alors qu’ils pourraient servir à remettre à niveau les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’assainissement et des infrastructures. Point crucial, le pays compte 5 millions de jeunes sans emploi, une armée d’inactifs qui grossit de 500 000 nouveaux chômeurs par an.

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Créer un choc psychologique

Les clés du développement sont les mines, les hydrocarbures, les télécoms et surtout l’agroalimentaire. Sans oublier le secteur bancaire. Si quatre à cinq établissements sur les vingt que compte le pays sont en restructuration, l’activité attire de nouveaux acteurs, marocains et nigérians notamment.

Pour aller plus loin, la Banque mondiale prépare pour le mois de juin un programme d’accompagnement des réformes de 500 millions de dollars sur quatre ans (2010 à 2013) qui sera présenté au conseil d’administration de l’institution en octobre. Un programme décliné en cinq points : la gouvernance économique (transparence sur les revenus du pétrole, des marchés publics…), les investissements dans les infrastructures, la restructuration des grandes filières agricoles (cacao…), le développement du secteur privé et, enfin, le soutien à l’emploi. L’appui d’autres bailleurs de fonds internationaux (AFD, UE…) permettrait d’atteindre une enveloppe de 1,5 à 2 milliards de dollars. « Il faut créer un choc psychologique pour sortir le pays de la crise. La Côte d’Ivoire a les moyens de se rapprocher très vite de l’émergence pour connaître des taux de croissance à deux chiffres », pronostique Madani Tall.

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