Mounia Bennani-Chraïbi

Professeur à l’Institut d’études politiques et internationales (IEPI) de Lausanne

Publié le 3 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

Mounia Bennani-Chraïbi n’est pas une inconnue. Professeur à l’Institut d’études politiques et internationales (IEPI) de Lausanne depuis dix ans, ses travaux de recherche sur les jeunes, les mouvements sociaux ou les campagnes électorales sont amplement utilisés par tous ceux qui veulent connaître en profondeur la société marocaine. Voilà un an, elle a profité des congrès des formations politiques pour mener une vaste enquête sur les « carrières militantes ». Toutes l’ont aimablement accueillie et lui ont prêté leur concours : USFP, Istiqlal, PJD, Annahj Addimocrati. À l’exception du Parti de l’authenticité et de la modernité (PAM).

Jeune Afrique : Que s’est-il passé avec le PAM ?

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Mounia Bennani-Chraïbi : J’ai demandé à sa direction, dès août 2008, l’autorisation de diffuser mon questionnaire au sein du congrès. J’ai rencontré en janvier dernier, en marge des assises de l’Istiqlal, Hassan Benaddi, son secrétaire général. Apparemment, il n’y avait pas de problème. Puis, la veille du congrès, à ma grande surprise, je n’ai pas obtenu l’autorisation.

Pour quelle raison ?

J’ai entendu deux sons de cloche chez les dirigeants contactés : les uns accueillaient favorablement l’enquête, les autres considéraient qu’on ne pouvait pas enquêter sur les congressistes à leur insu, dans la mesure ils n’avaient pas été préalablement avisés. Ils ajoutaient qu’ils étaient disposés à m’aider lors de leur prochain congrès.

Avez-vous rencontré des difficultés avec les autres partis ?

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Au contraire !

Sur quoi porte exactement le questionnaire ?

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Son objectif est de saisir les parcours militants de la population qui adhère aux partis. Comme on parle d’une crise du politique, il serait utile de mieux connaître ses acteurs : sont-ils issus des élites ? Ou appartiennent-ils à des milieux plus diversifiés ? Quels sont les viviers de leur recrutement (syndicats, associations, famille, université…) ? Comme on parle d’une scène politique éclatée, quels sont ses principaux clivages, y compris en termes de valeurs ? On découvre, par exemple, que l’USFP et le PJD ont des profils sociologiques très proches : élites citadines instruites. Alors que l’Istiqlal, plus rural, traverse les classes.

Pourquoi privilégiez-vous le congrès ?

C’est une occasion en or pour la recherche. Le congrès est une pièce de théâtre classique : unité de temps, d’espace et d’action. On a accès au parti réel, à ses cadres et militants, et pas seulement aux élites de Rabat et Casablanca.

Pourquoi une telle enquête aujourd’hui ?

Parce qu’on assiste au Maroc à une libéralisation et à une pacification du rapport à la politique. C’est bien parce que le PJD se sent davantage en sécurité qu’il accepte de dévoiler ses bases de recrutement. En outre, la loi sur les partis de 2006 leur fait obligation, pour bénéficier du financement public, de tenir leurs congrès tous les cinq ans. D’où une profusion de congrès dans un laps de temps court. Il fallait saisir l’occasion, et c’est ce que j’ai fait.

Quand les résultats seront-ils disponibles ?

Le dépouillement est en cours. C’est un travail long et ardu. Il ne sera pas achevé avant deux ans.

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