Tiens, voilà des militants !
Dimanche 22 février, fin de matinée. Les assises du PAM s’achèvent et les délégués quittent le chapiteau du complexe Moulay-Rachid. C’est alors que commence un autre congrès, vraiment authentique et moderne celui-là. Une vingtaine de jeunes, garçons et filles, improvisent une halqa (un cercle) comme celles des conteurs de Jamaa el-Fna, à Marrakech. Ils ont des choses sur le cœur et tiennent à les dire haut et fort. Un modérateur est désigné. Cinq minutes de temps de parole, souvent dépassé. On dénonce l’exclusion des jeunes des instances de direction. « Le quota de 20 % n’a pas été respecté. »
Traitement identique des femmes. La règle du consensus a surtout servi à faire toute la place aux pourris. Un homme élégant, cravate et pochette, essaie d’interrompre le débat. Il est vite rabroué. Un autre, costaud, s’y essaie à son tour avec le même succès. Les interventions reprennent de plus belle. On s’en prend aux « hypocrites et aux flagorneurs » qui peuplent l’autre congrès. « Moi, je m’en fous d’El Himma, je ne cherche pas un poste ! » Applaudissements. Un adolescent de Casablanca : « Pourquoi dois-je émigrer pour vivre ? Le Maroc doit me donner pour que je puisse lui donner. » Une jeune fille enturbannée : « Nous faisons de la figuration. Ils manigancent tout entre eux. » La devise au congrès officiel « le Maroc de demain, en toute confiance » est revue et corrigée par un orateur qui semble plus expérimenté que les autres : « Non à un Maroc pourri. Oui à un Maroc propre en toute confiance ! » Renseignement pris auprès de l’intéressé : 25 ans, étudiant à Nador tout en travaillant dans la pub. Il a fait ses classes politiques au Parti du progrès et du socialisme (PPS), qu’il a quitté avec quelques camarades pour rejoindre le PAM, qui correspond davantage à ses aspirations. Il ne doute pas qu’il pourra mettre sur pied, avec l’assentiment de la direction et en toute indépendance, une organisation de la jeunesse.
Lorsque FAH a annoncé la création de son parti, chacun savait qu’il ne manquerait pas d’attirer une foultitude de courtisans et de clients. Des militants, c’est moins sûr. Or voici qu’ils surgissent à Bouznika, là où personne ne les attendait. Saura-t-il les garder ?
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