Israël en Afrique : un kibboutz à l’angolaise

Haaretz Quotidien, Israël

Publié le 3 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

Dans les années 1990, le soutien d’Israël à l’Angola, alors victime d’un embargo international, a renforcé le traitement de faveur accordé par Luanda aux firmes israéliennes. Parmi elles, LR Group, dirigé par trois anciens pilotes de l’armée de l’air israélienne, fournit toute une gamme de produits et de services : équipements militaires avec programmes d’entraînement, construction de bâtiments, systèmes de communication et même aide à l’agriculture.

Initié par LR Group, le projet Aldeia Nova (« nouveau village », en portugais) se situe dans la vallée Waku Kungo, à environ 400 km au sud-est de Luanda, à l’emplacement d’une ancienne colonie portugaise. D’anciens soldats du Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA, au pouvoir depuis 1975), et de l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita) y sont installés selon le modèle des « moshavim », coopératives de villages agricoles très utilisées en Israël dans les années 1950 pour accueillir de nouveaux immigrants.

la suite après cette publicité

Contrairement à ce qui s’est passé dans des pays tels que le Rwanda ou l’Afrique du Sud, le gouvernement angolais n’a entrepris aucun effort pour réconcilier les anciens combattants de la guerre civile (1975-2002). Malgré les atrocités commises lors des combats, personne n’a été jugé pour crimes de guerre et le chef de l’État, José Eduardo dos Santos, a pris la décision de faire vivre ensemble d’anciens soldats des deux camps. Ainsi, l’Unita, le MPLA et les habitants de la vallée ont chacun fourni un tiers des participants au projet Aldeia Nova. S’il n’y a pas eu de tentative connue de règlements de comptes, la tension reste latente. Mais ce n’est pas tout.

Beaucoup d’Israéliens se plaignent de la « fainéantise » des travailleurs locaux et de leur refus d’apprendre. Ils pensent que lorsque LR Group se retirera, tout le projet s’effondrera. « Le problème, c’est que les Angolais ne veulent pas de notre aide, témoigne Yossi, un spécialiste de l’élevage de volailles. Comme dans une guerre d’usure, il faut expliquer encore et encore les mêmes choses et, s’ils ne comprennent pas, il faut se mettre en colère et les punir si nécessaire. C’est un peuple fainéant. »

Outre qu’ils ne semblent pas croire à la capacité des Angolais à subvenir seuls à leurs besoins, certains Israéliens font preuve d’un racisme choquant. Leur mépris envers les Angolais a même des conséquences sur les chantiers de logements, dont les règles de construction sont loin d’égaler celles qui prévalent en Israël. Selon un ingénieur angolais, un responsable de LR Group a expliqué aux travailleurs que la maçonnerie n’était pas le facteur le plus important. « L’essentiel, a-t-il dit, c’est de bien peindre la façade de la maison, et la peinture fera tenir le reste ! »

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires