Mission accomplie
En rapatriant symboliquement, le 25 février, quelque 1 500 soldats engagés dans des opérations conjointes avec l’armée congolaise dans le Nord-Kivu, le Rwanda a dissipé une inquiétude. Au début de l’intervention, le 20 février, un responsable congolais estimait que « le Rwanda se doit de collaborer de manière exemplaire en respectant les délais de retrait de ses troupes ».
Reste que les hommes qui ont quitté Goma – les uns à bord de véhicules, les autres à pied, au rythme d’une fanfare – en direction de la ville rwandaise frontalière de Gisenyi venaient essentiellement du front Sud (l’axe Sake-Maisisi-Walikale). Et que, lors du début du retrait, le gros des troupes se trouvait encore sur le front Nord (Rutshuru). « Ce qui vient de se passer est symbolique, explique un responsable rwandais. Nous ne pouvions rapatrier tous nos militaires le même jour. »
Côté congolais, le soulagement et la satisfaction prévalent. Un officier juge que, sur le terrain, les opérations se sont bien déroulées et que la collaboration avec le Rwanda a porté ses fruits : désamorçage de la « bombe » Laurent Nkunda ; division et affaiblissement du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) ; retour chez eux de nombreux combattants et « dépendants » des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) ; dispersion du commandement des FDLR… Et d’ajouter : « Nous avons démontré aux Rwandais que leurs craintes concernant la présence des FDLR chez nous étaient exagérées. »
Côté rwandais, l’objectif principal est atteint : l’élimination des dirigeants militaires des FDLR. « Après notre passage, ces derniers mettront plusieurs années à se réorganiser, estime un négociateur. Mais cela n’empêchera pas des groupes isolés de s’attaquer à la population. D’autant qu’ils sont convaincus d’avoir été trahis par la RDC. »
Après la fin des opérations conjointes, la question de la sécurité dans l’est du pays reste donc posée. Les Rwandais rappellent qu’à leurs yeux la solution est d’abord militaire. « Il faut, estiment-ils, que le Congo constitue une vraie armée, parce que nous ne pouvons pas tout faire à sa place. Et puis, on ne va pas sans arrêt nous demander de venir et de repartir. »
Échec ou succès, l’entrée en RDC des troupes rwandaises continue de susciter des turbulences dans la classe politique congolaise, très divisée sur les conditions de sa réalisation. En témoigne, dans la majorité présidentielle, les divergences entre le chef de l’État, Joseph Kabila, et Vital Kamerhe, le président de l’Assemblée nationale, fermement poussé vers la sortie par les siens. Cette déchirure ne restera certainement pas sans conséquences.
En attendant le rétablissement officiel des relations diplomatiques avec la RDC, les Rwandais, quant à eux, se frottent les mains : « En nous retirant, c’est nous qui avons gagné. »
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