Total avec Gazprom ?
« Le groupe Total est prêt à participer au projet de gazoduc transsaharien », a déclaré Guy Maurice, directeur général de la filiale nigériane de la compagnie pétrolière française, le 25 février à Abuja. Cet intérêt subit pour un projet lancé en 2005 s’explique par la volonté de l’Union européenne de s’affranchir de sa trop grande dépendance vis-à-vis du gaz russe.
Maurice emboîte ainsi le pas à Vladimir Ilyanin, le patron de Gazprom Nigeria, qui a confirmé l’implication du géant russe dans ce projet auquel les autorités nigérianes et algériennes sont très attachées.
Le Nigeria possède d’immenses ressources gazières. De son côté, l’Algérie a déjà l’expérience du marché européen. En 2005, les deux pays se sont associés avec le Niger, pays de transit, pour lancer une étude de rentabilité. Celle-ci a conclu un an plus tard que le gazoduc serait rentable avec un baril de pétrole à 60 dollars. Or à l’époque, le prix du baril était inférieur à 30 dollars et le coût de cette infrastructure longue de plus de 4 100 km avait été estimé à 13 milliards de dollars. Conséquence : le projet n’avait pas avancé d’un iota.
Avec l’envol des prix de l’or noir en 2008 (à 100 dollars le baril, en moyenne) et les pressions exercées par la Russie sur ses clients européens, le projet transsaharien a été relancé, en septembre dernier, avec l’appui de Gazprom. Aujourd’hui, malgré la chute du cours du baril autour de 40 dollars, l’enthousiasme de ses partisans ne faiblit pas. Ils tablent sur un redressement des prix à long terme. Certes, le coût du gazoduc a subi les effets de l’inflation – il est désormais évalué à 20 milliards de dollars. Mais en acheminant 30 milliards de m3 de gaz par an vers les consommateurs européens, il constituerait un élément stratégique de l’équilibre du marché entre le fournisseur russe et les fournisseurs africains.
L’Algérie, qui dispose déjà de deux gazoducs vers l’Europe, en mettra deux autres en service, en juillet 2009 et en 2012. La Libye dessert l’Italie via son « Greenstream » depuis 2004. Si le Transsaharien parvenait à surmonter tous les obstacles – financiers et liés à la sécurité –, il pourrait être opérationnel entre 2015 et 2020.
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