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Publié le 2 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

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Art Africain: le pillage continue

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« Je suis très heureux. Je suis sûr que ceux qui ont acquis toutes ces œuvres d’art vont les aimer. » L’homme d’affaires français, mécène progressiste et grand collectionneur de gauche Pierre Bergé ne cache pas sa joie après la vente de la collection qu’il avait rassemblée avec son ancien compagnon, le couturier Yves Saint Laurent, décédé en juin dernier. Vu les sommes déboursées par les acquéreurs (373,5 millions d’euros au total !), Bergé a peu de chances de se tromper…

Les Chinois, eux, n’ont pas apprécié. Mais alors pas du tout : deux bronzes – une tête de rat et une tête de lapin d’une quarantaine de centimètres – ont été adjugés pour un montant de 15,7 millions d’euros chacun à des acheteurs anonymes. Ces pièces proviennent du pillage du palais d’Été de Pékin par les troupes franco-britanniques, en 1860. Rachetées par le couple Bergé - Saint Laurent, leur restitution était réclamée par Pékin. Grand seigneur, Bergé s’est proposé de les rendre en contrepartie « des droits de l’homme, de la liberté au Tibet et de l’accueil du dalaï-lama ». L’ancien proche de François Mitterrand et actuel « mentor » de Ségolène Royal aurait pu faire l’économie d’une bravade de si mauvais goût. Il aurait pu également suivre l’exemple de… Jacques Chirac, qui avait rendu au Mali une statuette représentant un bélier, offerte pour son 64e anniversaire.

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L’affront que la Chine vient de subir, l’Afrique le vit tous les jours (lire notre enquête pp. 82-88). Les objets d’art africain sont en effet victimes d’un pillage en règle et à grande échelle. Une véritable razzia lancée pendant la colonisation et qui se perpétue aujourd’hui, sous d’autres formes. Faut-il considérer que, parce que l’Afrique a encore bien du mal à conserver son patrimoine historique dans des musées dignes de ce nom, il est normal, voire moral, de la dépouiller sans vergogne de ses biens ? Après ses enfants (l’esclavage) et ses matières premières, c’est donc sa culture et sa mémoire qui sont spoliées en toute impunité. Et le plus souvent avec cynisme.

Le débat sur la restitution du patrimoine culturel africain, entre autres, est sans aucun doute d’une extrême complexité. Il mêle la morale, le droit international et l’absence de moyens à des enjeux économiques énormes. Et n’exonère pas les responsables africains, loin s’en faut, de leurs responsabilités dans ce trafic. Voilà un sujet dont l’Union africaine serait bien inspirée de se saisir.

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