Dopage à la nicotine

Professeur de cardiologie. Membre correspondant de l’Académie française de médecine

Publié le 25 février 2009 Lecture : 2 minutes.

Le sport et le tabac sont considérés comme antinomiques : le sport est favorable à la santé, le tabac est nocif et réduit la performance sportive. Essayons de discuter cette affirmation, en rappelant que 24 % des sportifs français restent des fumeurs plus ou moins réguliers. Mais ils sont de moins en moins nombreux dans ce cas à mesure que leur niveau sportif s’élève.

Un effet nocif incontestable, à moyen et long terme, est l’accélération par le tabac de l’athérosclérose artérielle, essentiellement due à la baisse du bon cholestérol (type HDL) et à l’augmentation du mauvais cholestérol (type LDL). En outre, le tabagisme favorise la formation des caillots sanguins. Les lésions artérielles peuvent atteindre des zones vitales comme les artères cérébrales, rénales ou coronaires. Elles peuvent également atteindre les artères des muscles et réduire les capacités sportives. Ces effets artériels résultent de l’action nocive du monoxyde de carbone (qui prend la place de l’oxygène dans l’hémoglobine du sang) et de nombreuses autres substances du tabac (il y en a 4 000), dont les hydrocarbures et goudrons cancérigènes et les irritants respiratoires.

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La nicotine est le principal alcaloïde du tabac mais elle est moins toxique que les autres composants. Cependant, elle peut provoquer des accidents aigus en créant des spasmes sur les artères et en augmentant le débit cardiaque (battements accélérés du cœur et augmentation de la pression artérielle). C’est la nicotine qui crée la dépendance élevée au tabac par ses effets stimulants sur le système nerveux central, atteints en quelques secondes. D’où la fabrication de produits nicotiniques sans tabac (PNST) pour aider les fumeurs en cours de désintoxication : gommes à mâcher, pastilles à sucer, inhalateurs, timbres cutanés.

Mais certains sportifs détournent ces PNST dans un but de dopage puisque la nicotine n’est pas encore sur la liste des produits dopants. Ils recherchent l’effet stimulant de la nicotine sans la toxicité des autres produits du tabac. Ce serait le cas de nombreux joueurs de basket aux États-Unis et de skieurs en Suède.

Au total, le tabac réduit les performances physiques (notamment dans les sports d’endurance et chez les jeunes), de même qu’il favorise les accidents musculaires et la mort subite. Mais sa substance active, la nicotine, peut être utilisée comme dopant par les sportifs professionnels. À leurs risques et périls.

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