Courrier des lecteurs

Publié le 25 février 2009 Lecture : 5 minutes.

Kadhafi, par défaut

– Que s’est-il donc passé pour que Mouammar Kadhafi soit élu pour un an président de l’Union africaine ? À lire la presse spécialisée qui était sur place, c’est bien malgré eux que les présidents africains présents au sommet d’Addis-Abeba ont dû se résoudre à faire ce choix, en plus d’avoir eu à supporter les frasques et exubérances du colonel (ou « Guide » libyen, ou « roi des rois traditionnels d’Afrique »… comment donc faut-il l’appeler maintenant ?)

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Tous ceux qui continuent à colporter les préjugés sur le non-professionnalisme et le manque de rigueur des Africains doivent le savoir : c’est parce que la réglementation prévoyait qu’un Africain « blanc » (ou un Nord-Africain arabe) prenne cette année la présidence de l’Union africaine, et parce que Mouammar Kadhafi était le seul candidat remplissant cette condition à se présenter – ni le président algérien Bouteflika, ni le président égyptien Moubarak ne se sont montrés intéressés – que l’élection s’est déroulée de la manière que l’on sait !

Que n’aurait-il mieux valu contourner la règle des statuts de l’UA ? Cette fois, les Africains se sont montrés très à cheval sur leurs règlements. À leurs dépens…

Flora Etter, Paris, France

Magouilles socialistes

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– Le Parti socialiste français (PS) respire actuellement la magouille. De nombreux militants, comme moi-même, sont ravis de ne plus participer aux querelles auxquelles se livrent ceux qui ont la direction du Parti. Nous avons bien remarqué que par le biais des manipulations, des coups bas et des parachutages, le tout animé d’un esprit de haine et de revanche, s’érige un camp constitué de tous les déçus et assoiffés du pouvoir qui prennent les militants pour des moutons, et qui sont tous, jeunes ou anciens, hostiles au changement, afin qu’aucun vrai leader n’émerge à gauche. Pendant ce temps-là, la droite ricane, puisqu’elle n’est pas inquiétée.

Les dirigeants du PS diabolisent le Modem et le centre en prétextant qu’ils veulent s’ancrer à gauche, alors qu’à gauche, il n’y a plus personne. Le Parti communiste est moribond, tandis que l’extrême gauche refuse de gouverner, préférant la rue aux bureaux officiels de la République.

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En outre, la crise n’a pas que des solutions idéologiques, mais nécessite la prise en compte des idées pertinentes de tous les partis politiques, c’est-à-dire du concret, à l’image de Barack Obama aux États-Unis, dont ils ont fait référence à tort et à travers : tout le monde sait que la capacité de se réconcilier et de se ranger derrière un seul homme est cent fois plus rapide chez les démocrates américains que chez les socialistes français. Dès lors, comment voulez-vous que ces socialistes autistes gagnent les élections présidentielles s’ils refusent catégoriquement le soutien et les voix des autres Français qui ne pensent pas comme eux ? No, we can’t.

Paul Nibasenge N’Kodia, Paris, France

Pour une solution négociée en Mauritanie

– Un coup d’État qui se fait avec l’assentiment d’une très forte majorité parlementaire et suscite une immense adhésion populaire, est-ce un coup d’État ? Non, répondent les trois quarts des députés et sénateurs, ainsi que neuf élus locaux sur dix et d’innombrables manifestants à travers tout le pays. Tous ceux-là appelaient de leurs vœux le changement, pour remettre sur les rails une expérience démocratique dont la déviation mettait en danger la sécurité du pays. Une fraction de la classe politique, très minoritaire mais très active, s’oppose à ce projet avec le soutien d’une grande partie de la Communauté internationale, très mal informée au départ. Ce soutien extérieur, qui s’est beaucoup fissuré ensuite (États voisins, Ligue arabe, Cen-Sad), fausse le jeu en donnant à l’opposition une dimension sans rapport avec sa représentativité réelle tout en la poussant à l’intransigeance.

Je ne suis pas d’accord avec ces opposants, mais je respecte d’autant plus leurs opinions qu’il y a parmi eux des hommes connus pour leur long combat en faveur des droits de l’homme. Et je voudrais leur poser deux questions car je ne comprends pas certaines de leurs positions. D’abord, comment peuvent-ils accepter l’application de sanctions dont le peuple serait la principale victime ? Et comment peuvent-ils refuser si obstinément le dialogue, alors que tout le monde (y compris leurs soutiens extérieurs, y compris eux-mêmes) ne cesse de préconiser une solution consensuelle, négociée entre Mauritaniens ? Comment, dans ce cas, vouloir discuter « seulement après l’échec du coup d’État et le retour au pouvoir de l’ancien président » ?

Je crois, moi aussi, qu’une solution consensuelle serait la meilleure, et qu’elle est possible si l’opposition accepte de discuter sans préalables irréalistes, car je sais que l’autre camp est disposé à dialoguer.

Ahmed Baba Miské, ancien ambassadeur de Mauritanie en France, Nouakchott, Mauritanie

À quelques encablures de Gaza

– Le président égyptien Hosni Moubarak aime beaucoup Charm el-Cheikh, la célèbre station balnéaire du Sinaï. Il y passe le plus clair de son temps, pour se reposer, gouverner quatre-vingts millions d’Égyptiens et manigancer les astuces pour imposer son fils chéri Jamal comme successeur. Il a fini par y ériger une statue à son effigie (en fait offerte par le maire la ville). Moubarak sait-il que tant de statues de dictateurs ont été déboulonnées et traînées par terre, parfois du vivant de ceux qu’elles représentaient ? Au pays des Pharaons éternels, l’œil s’obstine à ne pas voir ce que le cœur ne veut pas voir. Pendant l’offensive israélienne sur la bande de Gaza, offensive ô combien criminelle et destructrice, dans quel état d’âme et de conscience était Moubarak, plongé dans l’oisiveté à seulement quelques encablures des cris et des horreurs de Gaza ?

Ali Zouitou, Ksar Saïd, Tunisie

Tout sauf lui !

– La couverture du J.A. n° 2509, consacrée à Mouammar Kadhafi, est superbe. Elle exprime toute la vérité sur le devenir de l’Afrique entière. Les soi-disant dirigeants africains sont des « béni-oui-oui ». Mais de là à voter pour le « Guide » ! Je ne peux vraiment pas avaler ça. N’importe quel dirigeant aurait dû être désigné, mais pas Kadhafi, non, pas lui. En réalité, les dirigeants ont peur de lui, surtout ses voisins proches. Que Dieu nous protège pendant les 365 jours qui viennent, qu’il protège l’Afrique et tout le monde arabe aussi.

Aïssa Drawcha, Alger, Algérie

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