Choc des cultures

Le Dernier Patriarche relate le plus simplement du monde et à travers de modestes destinées l’aventure la plus édifiante de l’émigration Sud-Nord. Il retrace le parcours d’un homme né en terre marocaine et censé perpétuer la lignée des ancêtres et préserver la tradition. Hélas, Mimoun s’avère un garçon coléreux et difficile.

Lorsqu’il s’entiche d’une gazelle du clan, le jeune homme décide de l’épouser à tout prix, y compris en allant faire fortune en Espagne. Où quelques années et deux enfants plus tard, il accomplira le regroupement familial. Commence alors le quotidien infernal de son épouse que l’Europe ne libère pas du joug marital : battue, trompée, victime des colères sans motifs de son dictateur de mari, elle subit sans se plaindre comme le veut la tradition. Mimoun ne se gêne pas de se faire servir comme un prince, d’écumer les bars et de batifoler au vu et au su de tous avec les Espagnoles, sous prétexte que l’infidélité commise avec les chrétiennes ne compte pas aux yeux de Dieu.

Il faudra que sa propre fille grandisse pour remettre en question l’ordre masculin. Le roman amorce alors la rupture inédite avec la tradition et l’avènement d’un nouvel ordre du monde introduit par la deuxième génération.

Ce roman séduit par le regard innocent et interrogateur qu’il pose sur le monde, par son art de sonder le « choc des cultures » à travers les menus faits de la vie de tous les jours, par sa façon de briser sans grand fracas l’histoire de la lignée et de relater sans ressentiment ni amertume l’aventure de l’émigration. Pas de commentaires, point de fioritures, seulement le désir de dire vrai et donc juste.