La BAD se donne les moyens de soutenir la croissance
Face à la crise, la Banque africaine de développement souhaite accroître ses prêts aux secteurs les plus porteurs. Un programme bientôt soumis aux actionnaires.
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«On s’en sort bien », dit en souriant Thierry de Longuemar, vice-président finance de la Banque africaine de développement (BAD), en pensant aux résultats positifs 2008 qu’il divulguera prochainement au conseil d’administration de la Banque puis, lors de l’assemblée générale des actionnaires, le 13 mai à Dakar, au Sénégal. « Nous avons l’obligation de ne pas prendre de risque de change ou de taux dans nos placements. C’est précisé dans nos statuts. Donc, nous n’investissons jamais dans les fonds spéculatifs et les actions. Mais dans des titres à court terme et des bons du Trésor », explique Thierry de Longuemar.
À la tête d’une équipe de deux cents personnes et gérant 16 milliards de dollars d’actifs, son principal souci est de préserver le capital de l’organisme et la notation internationale triple A, qui lui permet d’emprunter à des conditions favorables sur le marché international des capitaux. Mission accomplie, même en temps de crise internationale, comme en témoigne le succès de l’emprunt obligataire de 1 milliard de dollars sur trois ans qu’il a placé le 13 janvier sur les marchés mondiaux. D’autres emprunts sont prévus cette année.
Donald Kaberuka, président de la BAD, justifie cette nouvelle marque de confiance par un « portefeuille très sain », une politique « prudente » et une crédibilité « forte » dans le management. « Nous nous concentrons sur le financement des quatre “leviers de la croissance” : le secteur privé, les infrastructures, les projets d’intégration régionale et la bonne gouvernance en Afrique. » Face à la crise, la Banque a créé de nouvelles facilités pour répondre aux urgences : 1 milliard de dollars pour le financement du commerce extérieur et 1,5 milliard pour combler les déficits de liquidités. La Banque intervient pour soutenir de nombreux projets privés, comme l’aéroport d’Enfidha, au centre de la Tunisie, qui a reçu 70 millions d’euros de la BAD le 14 janvier, le port de Doraleh, à Djibouti (54,3 millions d’euros), ou encore la production d’huile d’olive au Maroc (34 millions) et d’alumine en Guinée (136 millions).
Priorité au secteur privé
Donald Kaberuka, qui, comme tout le monde, ne sait pas quand la crise va se terminer, a pris les devants en modifiant la stratégie opérationnelle prévue pour 2008-2012. Les opérations au profit du secteur privé, qui sont les plus créatrices de valeur ajoutée et d’emplois, vont être triplées pour passer de 1,4 milliard de dollars en 2008 à 4,2 milliards en 2012. Les prêts pour le secteur public (transports, énergie, agriculture) seront doublés (de 3 à 6 milliards de dollars). Pour réaliser un tel programme, la mobilisation de cofinancements auprès d’autres bailleurs de fonds publics et privés ne suffira pas et il faudra disposer de davantage de ressources propres. Le taux d’utilisation des ressources disponibles est actuellement proche de 50 %. Avec la hausse des engagements, ce ratio monterait à 76 % en 2012. Déraisonnable ? La préservation de la « signature financière » de la BAD nécessite que d’ici là les actionnaires mettent un peu plus la main à la poche. L’assemblée générale de Dakar tranchera.
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