Les opérateurs étrangers ont répondu présent
Le pays est devenu une destination privilégiée pour les entrepreneurs du monde entier. Encore faut-il que les bénéfices générés profitent aux Algériens…
1999-2009: Les années Bouteflika
Pour avoir une idée de l’engouement des investisseurs étrangers pour l’Algérie, il suffit de faire un tour au Business Center qui jouxte l’hôtel Hilton d’Alger. Sur les quinze étages que compte cette tour d’affaires ultramoderne, tous les bureaux, ou presque, sont occupés par des compagnies internationales : Thales, Michelin, Air France, ENI, Ernst &Young, Microsoft, Pfizer, etc.
Il y a dix ans, l’Algérie était considérée comme un pays à risques, où il n’était pas aisé de faire des affaires. Terrorisme, bureaucratie handicapante, absence de réformes, manque de lisibilité politique… Autant d’obstacles qui dissuadaient toute velléité d’implantation étrangère. Dix ans plus tard, la donne a radicalement changé. Premier signe de cette métamorphose : le retour des compagnies aériennes européennes. Après avoir boudé les aéroports du pays à cause des menaces terroristes, la nouvelle stabilité politique a incité British Airways, Lufthansa, Iberia et Air France (après un embargo aérien de près de neuf ans, de 1994 à 2003) à investir de nouveau le ciel algérien.
Retours et nouveaux venus
Dès son élection en 1999, Bouteflika a fait du retour des investisseurs l’un des principaux axes de son programme. Pour rendre la destination Algérie plus attractive, le chef de l’État a d’abord fait mettre en œuvre une batterie de mesures. Parmi lesquelles la réforme du secteur bancaire, qui a abouti à la levée du monopole d’État et a permis à de grands établissements financiers internationaux – Société générale, BNP Paribas, Citibank, Santander et autres Cetelem – de s’installer en Algérie et d’ouvrir des succursales aux quatre coins du pays. Une expansion à laquelle le président Bouteflika a apporté une petite condition, le 8 septembre dernier, en annonçant que les banques étrangères exerçant en Algérie seront contraintes de consacrer une partie de leurs fonds à l’investissement productif, et pas seulement au soutien des importateurs ou à la promotion du crédit à la consommation.
Par ailleurs, le code des investissements, réformé en août 2001, a offert une série d’avantages fiscaux. Il s’agit notamment de l’application du taux réduit en matière de droits de douane pour les équipements importés dans le cadre de la réalisation de l’investissement, de l’exonération de l’impôt sur le bénéfice annuel, de l’impôt sur le revenu global ou encore de la franchise de TVA sur les biens et services. Bien que les autorités algériennes y aient introduit dernièrement des changements notables (voir encadré), cet arsenal aura joué un rôle majeur dans le retour des investisseurs étrangers et l’amélioration du climat des affaires. « Ce code, ainsi que le soulignait l’été dernier Johannes Westerhoff, l’ambassadeur d’Allemagne à Alger, est l’une des législations les plus favorables à l’essor de l’investissement en Afrique. »
Bien entendu, tout cela aurait eu moins d’impact sans une conjoncture extrêmement favorable. En effet, grâce à l’envolée du prix du pétrole, l’Algérie a pu engranger des milliards de dollars au cours des dix dernières années : à la fin de 2008, les réserves de change du pays s’élevaient à 138,35 milliards de dollars. Du coup, l’État a eu les moyens – et la volonté – de lancer un gigantesque programme pour doter le pays des grandes infrastructures qui lui faisaient défaut, dont la réalisation a été confiée, pour une grande part, à des compagnies françaises, espagnoles, italiennes, américaines, chinoises, japonaises ou turques.
Une émulation généralisée
L’Algérie est un vaste chantier, se plaisent à dire ceux qui s’y rendent. Et pour cause. Il n’y a pas un seul secteur d’activité qui n’ait suscité l’intérêt des hommes d’affaires étrangers. Lancé en 2006, le chantier des 1 200 kilomètres de l’autoroute est-ouest, qui sera achevé l’an prochain, a été confié à deux consortiums asiatiques, l’un japonais (Cojaal) et l’autre chinois (Citic-CRCC). Et c’est également à des Chinois que l’on a confié la construction de milliers de logements dans les grandes villes du pays. Dans la construction, en plus de ces nouveaux venus, il faut souligner le retour en force du cimentier français Lafarge, qui, depuis l’acquisition de son rival égyptien Orascom Cement en janvier 2008, n’a cessé de multiplier ses investissements en Algérie.
Côté transports, la gestion de l’aéroport international d’Alger a été confiée au français ADP Management (Aéroports de Paris) pour quatre ans. La réalisation du métro d’Alger est échue à l’allemand Siemens, et sa gérance (pour huit ans) à la régie française RATP. Et Alstom assure la construction des tramways d’Alger, Oran et Constantine et entreprend de rénover les réseaux ferroviaires.
Même émulation chez les grandes marques internationales, du prêt-à-porter au bien-être, qui ont ouvert des boutiques franchisées (Celio, Mango, Adidas, Jeff de Bruges, Yves Rocher, etc.), ou encore dans la téléphonie mobile (voir pp. 78-79), où l’égyptien Orascom (Djezzy) et le koweïtien Wataniya (Nedjma) se partagent le marché avec l’opérateur historique Algérie Télécom (Mobilis).
Sans oublier, bien entendu, les majors pétrolières qui explorent les vastes champs pétroliers dans le sud, parmi lesquelles le français Total, les américains Anadarko, Mobil, Philips, le canadien Petro-Canada, le britannique British Petroleum ou encore l’espagnol Repsol.
Cet attrait a eu pour conséquence une très forte hausse des investissements directs étrangers (IDE), qui s’est accélérée ces trois dernières années. Hors hydrocarbures, l’Agence nationale pour le développement de l’investissement (Andi) a enregistré 5,25 milliards de dollars d’investissements en 2008, contre 3 milliards en 2006. Les investissements en partenariat entre Algériens et étrangers ont atteint 3,7 milliards de dollars l’an dernier (contre 1,45 milliard en 2007). Selon les dernières statistiques, plus de 2 600 entreprises étrangères opèrent en Algérie, originaires de 70 pays. Près de 30 000 travailleurs étrangers ont été recensés, dont 20 000 ouvriers et ingénieurs chinois.
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1999-2009: Les années Bouteflika
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