L’opération Epervier fait des « victimes »

Publié le 23 février 2009 Lecture : 1 minute.

Condamné à quarante ans de prison ferme à l’issue d’un procès pour détournement au Crédit foncier du Cameroun, André Booto à Ngon, 71 ans, n’aura finalement passé que sept mois en détention. Rongé par la maladie, l’ancien président du conseil d’administration de cet établissement bancaire à capitaux publics s’est éteint le 13 février dans un hôpital de Yaoundé. Le décès de cet ancien ministre des Finances et député du parti au pouvoir suscite des interrogations : son état de santé était-il compatible avec son maintien en détention ? Si le pronostic vital était engagé, lui a-t-on prodigué les soins nécessaires à temps ? Peut-être ne le saura-t-on jamais.

Cependant, en déclarant en juillet denier au journal Mutations qu’il ne survivrait pas à une incarcération, Booto à Ngon se savait en fin de vie. Au Cameroun, malheureusement, aucune loi ne prévoit une suspension de peine pour raison médicale à l’instar de la loi Kouchner votée en 2002 en France. En plus du vide juridique, la complexité des procédures administratives alourdit le processus de prise en charge des détenus malades. Si rien ne change, certains en feront bientôt des martyrs…

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En 2003, Titus Edzoa, 64 ans, ancien conseiller du chef de l’État, qui purge une peine de quinze ans de prison pour tentative de détournement de deniers publics prononcée en octobre 1997, a sollicité en vain une évacuation sanitaire en Europe. Le colonel Etonde Ekoto, 71 ans, qui soignait une infection en octobre dernier, en a également fait l’amère expérience, pour avoir été brutalement extrait de l’hôpital général de Douala et ramené dans sa cellule à la suite de rumeurs d’évasion. Parfois, ce sont des personnes en détention préventive, donc présumées innocentes, qui sont fauchées. Incarcérés le 10 juillet 2006 à la suite d’une rixe, vingt et un militants du Social Democratic Front (SDF, opposition) ont été finalement élargis en novembre dernier. Deux d’entre eux, John Ngu Mbahaning et Innocent Kom Kokto, n’en faisaient pas partie. Ils étaient décédés en détention.

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