Un ministre en cavale
Quand il parle de la Centrafrique, Saifee Durbar dit « mon pays ». Et c’est peut-être ce qui le sauvera. En avril 2007, cet homme d’affaires indo-pakistanais de 47 ans, qui vit dans le luxueux quartier londonien de Holland Park, a été condamné par la cour d’appel de Paris à trois ans de prison et 375 000 euros d’amende pour escroqueries et tentative d’escroquerie. Quatre mois plus tard, un mandat d’arrêt était émis en France. Mais ce n’est qu’au début du mois de mars qu’il saura si la justice britannique accepte de l’extrader. La décision est délicate : en janvier dernier, Saifee Durbar a été nommé vice-ministre centrafricain des Affaires étrangères et de la Coopération après avoir été, pendant six mois, ministre résident en Grande-Bretagne. À ce titre, il bénéficie d’un passeport diplomatique et, théoriquement, de l’immunité qui l’accompagne.
« Une histoire de fou ! » se défend-il, en français. Le ton affable, cet ancien étudiant au King’s College – en économie – explique qu’il n’aurait jamais eu aucun intérêt à commettre une escroquerie au moment des faits qui lui sont reprochés, en 1994 : à l’époque, il travaillait dans la gestion de fortune, et possédait « deux ou trois avions, une maison à Cannes, des bateaux » ! Sur la Centrafrique, il est tout aussi disert : ses relations avec ce pays ont commencé quand, en 1998, il débarque pour la première fois à Bangui, où l’ont conduit des proches de Ange-Félix Patassé. Rapidement, ce dernier le nomme conseiller économique. En plus de prodiguer ses conseils au chef de l’État, Saifee Durbar crée des entreprises, notamment dans l’exploitation minière. Ange-Félix Patassé renversé, le désormais citoyen centrafricain ne tarde pas à s’introduire dans l’entourage de son successeur, François Bozizé. En 2006, Saifee Durbar devient conseiller à la présidence, et proche du chef de l’État, auquel il prête volontiers son Falcon 900 pour des voyages officiels.
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