Les militaires font de la résistance

Publié le 23 février 2009 Lecture : 2 minutes.

Et si le Zimbabwe était le théâtre d’un coup d’État militaire qui ne dit pas son nom ? À Harare, certains diplomates le pensent et quelques journalistes l’écrivent. L’actualité tend d’ailleurs à leur donner raison. Depuis longtemps Robert Mugabe gouverne avec un quarteron de hauts gradés, réunis au sein du Joint Operations Command (JOC). Ces hommes, qui ont tous juré qu’ils ne salueraient jamais Morgan Tsvangirai, désormais Premier ministre du gouvernement d’union, n’ont visiblement pas l’intention de capituler.

Le JOC coordonne toutes les basses besognes. Composé des chefs des différents corps d’armée, du directeur des renseignements, du chef de la police et du directeur de l’administration pénitentiaire, il est au cœur du système répressif. Ses six membres sont tous inscrits sur la liste des personnalités sous sanction de l’Union européenne, soupçonnés d’être les commanditaires de meurtres, de disparitions et de violences diverses sur les opposants.

la suite après cette publicité

L’arrestation le 13 février de Roy Bennett, fermier blanc et ancien député de l’opposition choisi par Morgan Tsvangirai pour occuper le poste de ministre de l’Agriculture, est à mettre à l’actif du JOC. Tout comme le refus de libérer la trentaine de prisonniers politiques encore sous les verrous. Tsvangirai en avait pourtant fait un préalable à sa prestation de serment. Il a finalement cédé, devant l’obstination des militaires.

Selon la radio zimbabwéenne Neharanda, les officiers du JOC demanderaient une immunité totale en échange de l’abandon des charges contre Roy Bennett. La question est maintenant de savoir si le JOC agit avec l’assentiment de Robert Mugabe. Si la réponse est non, le Zimbabwe est bel et bien victime d’une sorte de « coup d’État ».

Il est trop tôt pour le savoir. La cohabitation vient à peine de commencer et chacun se jauge, essayant de placer ses pions pour prendre l’avantage. « Pour le moment, nous n’avons pas plus de 20 % du pouvoir. Il faudra beaucoup de tact et d’intelligence à Tsvangirai pour grignoter peu à peu sur les prérogatives qui restent encore entre les mains de Mugabe et sa clique », explique un proche du Premier ministre, qui souhaite rester anonyme.

L’une des premières décisions de Morgan Tsvangirai n’est pas sans inquiéter. Il a en effet promis que les salaires des fonctionnaires seraient payés en dollars américains. Une promesse à 400 millions de dollars qu’il aura bien du mal à tenir si les bailleurs de fonds ne lui viennent pas rapidement en aide. Il pourrait avoir à limiter cette offre aux enseignants et personnels de santé, ce qui risque de ne pas plaire aux forces de l’ordre.

la suite après cette publicité

Chaque acte posé sera jugé par la communauté internationale, et la résistance du camp présidentiel promet d’être rude. Déjà un couac est survenu sur la question électorale. L’accord en effet ne précise pas la durée de ce gouvernement d’union. Le Premier ministre estime qu’il s’agit d’une transition qui ne devrait pas durer au-delà de 2010. Le chef de l’État, malgré ses 85 ans, compte terminer son mandat et rester jusqu’en 2013.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires