Demain, le Sud

Pendant quarante ans, on fit peu de cas du quotidien des populations du Sahara. Comme si ce dernier se résumait à ses immenses réserves pétrolières et gazières. Aujourd’hui, il se modernise et s’urbanise.

Publié le 23 février 2009 Lecture : 4 minutes.

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1999-2009: Les années Bouteflika

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S’il représente 80 % du territoire national et abrite une bonne part de ses ressources, avec les gisements d’hydrocarbures que recèle son sous-sol, le sud du pays fut longtemps le parent pauvre des opérations de développement lancées depuis l’indépendance. C’est pourquoi, en 2005, un programme spécial a été conçu au profit des dix wilayas qui le composent : Adrar, Béchar, Biskra, El Oued, Ghardaïa, Illizi, Laghouat, Ouargla, Tamanrasset et Tindouf.

L’enveloppe consacrée à ce programme est estimée à 380 milliards de dinars (5,5 milliards de dollars), dont quelque 40 milliards pour la construction de la ville nouvelle d’Hassi Messaoud (voir encadré) et 50 autres dédiés au seul projet de transfert d’eau potable, sur les 700 kilomètres qui séparent l’importante nappe albienne de la région d’Aïn Salah et Tamanrasset. Ville dont l’Algérie veut faire le pôle socio-économique de la bande sahélienne (qui s’étale sur cinq pays d’Afrique subsaharienne). À ces budgets s’ajoutent 300 milliards de dinars accordés au titre du programme quinquennal de soutien à la croissance (2005-2009).

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Le premier objectif du programme « Spécial Sud » est d’améliorer les conditions de vie des populations méridionales à travers la réalisation de 60 000 logements, la création de campus universitaires dans chacun des chefs-lieux de wilaya (soit plus de 10 000 places pédagogiques supplémentaires et des cités universitaires d’une capacité totale de 7 500 lits). Sans oublier la construction de 9 centres hospitaliers universitaires (CHU), une vingtaine d’unités de soins légers et 13 centres spécialisés.

En deux ans, la vie de nombreux patients a déjà changé. Désormais, des villes comme Djanet, Béni Abbas, dans la région de Béchar, ou encore Timimoun, disposent de leur propre unité d’hémodialyse, épargnant ainsi aux malades de longs et coûteux transferts vers les hôpitaux du nord du pays.

Outre ce gigantesque programme d’investissements publics, le sud du pays a été choyé par le Schéma national d’aménagement du territoire (Snat 2025), dont l’un des objectifs est de rationaliser l’occupation de l’espace. En l’occurrence, si le Sahara représente 80 % de la superficie du pays, la densité de population y est faible et moins de 5 % des 36 millions d’Algériens y habitent. Il s’agit donc d’y développer les villes et villages pour, d’une part, fixer les populations et, d’autre part, y attirer les populations urbaines et rurales du nord de l’Algérie. Et, pour cela, « il ne suffit pas de construire des universités et des hôpitaux, explique Mezhoud Abdelali, architecte originaire de la capitale et récemment installé dans la région de Biskra. Il faut créer une qualité de vie pour attirer et séduire les cadres qui doivent les faire fonctionner ».

Un sacré défi…

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Alors, comment rendre « confortables » des villes où la température atteint péniblement les 5 °C la nuit et dépasse allègrement les 35 °C le jour, où les produits maraîchers sont rares et chers, et où les distances entre les grandes agglomérations se comptent en centaines de kilomètres nécessitant des déplacements en avion ? Si les investissements consentis ces trois dernières années laissent espérer que l’on pourra y parvenir, cela n’exclut pas la nécessité d’une politique volontariste en matière de subventions des billets d’avion ou du prix du kilowattheure (climatiseurs et frigos obligent, la facture d’électricité grève lourdement le budget des ménages).

Par ailleurs, la diversification de l’économie saharienne nécessite de développer la production agricole destinée à la consommation locale. Plus de 17 milliards de dinars y ont été consacrés. Et, pour motiver les exploitants, 3 milliards de dinars ont été affectés à la bonification des taux d’intérêt des crédits bancaires contractés par les agriculteurs des wilayas du Sud. Un montant similaire a été alloué au domaine culturel, afin de doter les grands centres urbains du Sahara d’une bibliothèque (19 doivent être réalisées d’ici à 2010), d’une salle de théâtre ou de concerts, d’un conservatoire de musique et d’un musée.

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Cet hiver a été particulièrement rude pour le Sud algérien. Tour à tour, les régions de Ghardaïa, Béchar, Adrar et du Hoggar (Djanet et Tamanrasset) ont subi des intempéries, qui ont coûté la vie à des dizaines de personnes, endommagé près de 10 000 maisons et détruit nombre d’infrastructures de communication. Mais, à quelque chose malheur est bon, et l’aisance financière du Trésor public a permis de dégager des sommes supplémentaires, qui viennent grossir le programme Spécial Sud : 200 milliards de dinars ont été alloués à la réhabilitation de la vallée du M’zab. Cette somme doit permettre une totale reconfiguration de la ville de Ghardaïa pour mieux répartir son habitat. Les maisons détruites étaient principalement celles des bidonvilles construits sur le lit de l’Oued qui, en novembre dernier, a tout emporté dans sa furie. Désormais, de nouvelles cités, modernes, seront érigées loin du centre-ville, qui disposera d’une véritable « corniche » sur le M’zab enfin débarrassé des bidonvilles qui encombraient ses rives.

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