« Je suis parti à la chasse… »

Publié le 23 février 2009 Lecture : 2 minutes.

Le message ci-dessous que je soumets à votre attention est très particulier. Je l’ai reçu le jeudi 12 février 2009 par courrier électronique. Son auteur est un lecteur d’Afrique centrale, M. Mbeho Mugadja (voir fac-similé).

Ce lecteur est encore jeune, mais il a découvert Jeune Afrique il y a un quart de siècle, alors qu’il était au début de son adolescence.

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Il décrit de façon simple et émouvante comment la lecture assidue et passionnée de notre hebdomadaire a contribué à le former et a, d’une certaine manière, transformé sa vie. Lisez :

Monsieur Béchir,

C’est drôle de vous appeler comme ça, car j’ai l’impression que je m’interpelle moi-même.

Je m’appelle Mbeho Mugadja. De nationalité congolaise, je vis actuellement dans un merveilleux pays que j’aime, le Burundi.

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J’ai été à l’école élémentaire à Uvira, dans la province congolaise du Sud-Kivu, où, pour la première fois, je suis tombé sur un numéro de Jeune Afrique, que j’ai lu goulûment. Après cela, je suis parti à la chasse de tous les anciens numéros que je n’avais pas lus et je les ai tous épluchés.

J’en ai tiré une immense culture pour un enfant de mon âge. C’était l’époque des Baccar Touzani, Abdelaziz Dahmani, Hamza Kaïdi, Habib Boularès. Ah quelle équipe !!! Comme il y avait leurs photos à côté des articles qu’ils signaient, leurs visages m’étaient si familiers que je les reproduisais de mémoire sans aucun problème.

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Je connaissais les capitales de tous les pays du monde ainsi que les présidents de tous les pays africains. À cette époque, j’ai suivi l’évolution de Hissein Habré et ses gardes toubous dans les maquis du Tibesti, l’enlèvement des époux Claustre, etc.

Après mes études élémentaires, je me suis retrouvé au petit séminaire de Mugeri, toujours dans le Sud-Kivu. Notre professeur de géographie était un Français, l’abbé Edmond Simonet. Il était émerveillé par tous les savoirs que j’avais pu accumuler et par ma connaissance des capitales des pays du monde. Mes camarades de classe, de leur côté, m’ont appelé Béchir, prétendant que je connaissais finalement autant de choses que Béchir Ben Yahmed. Ce qui était faux naturellement.

Depuis ce jour-là, je m’appelle Béchir, mes parents m’appellent également ainsi et beaucoup de personnes ne savent même pas que j’ai un autre nom, authentique celui-là.

Au cours des années 1990, vous êtes venu personnellement au Burundi et vous avez donné une conférence à l’hôtel Méridien Source du Nil, à Bujumbura. J’y étais, naturellement, mais je n’ai pas osé vous interpeller.

Mon but est simplement de vous remercier pour tout ce que je tiens de vous, depuis les éléments de ma culture jusqu’à ceux de ma propre identification : le nom. Quoique Béchir soit un pseudonyme, je me permets de dire « Merci à mon homonyme. »

Béchir

L’auteur de ce témoignage a fait de Jeune Afrique l’outil de sa promotion culturelle et de moi son « homonyme » et son « alter ego ». Je lui adresse à mon tour nos remerciements : il nous a aidés à prendre conscience du poids qui pèse sur nos épaules.

De ce qu’il nous dit de l’influence – insoupçonnée à ce point – de Jeune Afrique, nous ne tirons, croyez-le bien, aucune vanité, car nous savons qu’elle s’explique par la condition dans laquelle se trouvent nos lecteurs africains. Nous nous disons seulement que notre responsabilité est encore plus lourde que nous le pensions…

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