Elie Domota, le fonctionnaire qui défie la métropole

Publié le 17 février 2009 Lecture : 2 minutes.

Il était en tête des 65 000 manifestants qui ont occupé Pointe-à-Pitre. Il a tenu tête à Yves Jégo, le secrétaire d’État à l’Outre-Mer, au cours de négociations marathon. Il n’a peur ni des journalistes ni du président du conseil général. Souvent surnommé « Moïse », Élie Domota est le nouvel homme fort de la Guadeloupe, celui qui a su organiser et canaliser le vaste mouvement populaire parti de la protestation contre la vie chère. Et qui s’efforce de rendre leur fierté aux Guadeloupéens.

Né il y a quarante-deux ans dans le quartier populaire du Bas-du-Bourg, à Basse-Terre, d’un père charpentier, fan de François Mitterrand et de Patrice Lumumba (qu’il a eu l’occasion de rencontrer), et d’une mère femme de ménage, il est marié et père de trois enfants. Passionné de pêche et de syndicalisme, il a travaillé à la Banque de France, puis à l’ANPE, dont il est aujourd’hui directeur adjoint. En 2001-2002, il y a dirigé une longue grève, avant d’être élu, six ans plus tard, secrétaire général de l’Union générale des travailleurs de Guadeloupe (UGTG), de tendance autonomiste.

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Fonctionnaire, syndicaliste et autonomiste : le profil idéal pour devenir le porte-drapeau du collectif Liyannaj Kont Pwofitasyon (LKP, ou Collectif contre l’exploitation outrancière), qui regroupe plusieurs dizaines de syndicats, de partis et d’associations. Domota dénonce en termes véhéments l’exclusion dont sont victimes les Guadeloupéens dans leur propre pays : « Soit on veut rester des sous-hommes ; que nos enfants se prostituent et se droguent ; qu’aucun Guadeloupéen n’accède à des postes de responsabilité ; que nous, la majorité, restions les larbins de la minorité. Soit on relève la tête et l’on se bat. »

Cette tirade martiale ne doit pas faire illusion : Élie Domota n’est pas un boutefeu, mais un fin politique qui, en quatre semaines de conflit, n’a jamais prôné la violence ou l’indépendance. On n’a pas fini d’entendre parler de ce militant dans l’âme, qui, dit-il, n’a qu’une idée en tête : prévenir « la barbarie ».

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