Le Hamas, côté obscur

Amnesty International dénonce les expéditions punitives menées par des membres du mouvement islamiste durant l’opération Plomb durci. Et appelle à la mise en place d’une commission d’enquête.

Publié le 17 février 2009 Lecture : 2 minutes.

« Le 9 janvier au soir, des membres des services de sécurité du Hamas sont venus chez moi et m’ont forcé à les suivre. À 20 mètres de la maison, ils m’ont tiré une balle dans la jambe et m’ont abandonné sur place. J’ai dû être amputé au-dessus du genou. » Pendant et après l’opération israélienne Plomb durci, qui a coûté la vie à plus de 1 300 Gazaouis, une équipe d’Amnesty International (AI), menée par la spécialiste du Moyen-Orient Donatella Rovera, a recueilli des dizaines de témoignages similaires sur des exactions menées par des miliciens du Hamas. D’après l’enquête, la chasse à l’homme a commencé au lendemain de l’attaque israélienne du 27 décembre, lorsque la prison centrale de Gaza a été détruite par un bombardement et que les détenus se sont enfuis. Les services de sécurité interne du Hamas ont alors ciblé les hommes incarcérés pour collaboration avec Israël, mais aussi les anciens membres des forces de sécurité de l’Autorité palestinienne ou des militants du Fatah. Certaines victimes ont été enlevées à leur domicile, assassinées, puis abandonnés dans des zones isolées ou à la morgue. Certains ont même été abattus à l’intérieur de l’hôpital où ils avaient été admis. D’après le rapport d’AI, deux douzaines d’hommes auraient été assassinés et une centaine blessés, parfois très gravement.

Pour les enquêteurs d’AI, l’identité des auteurs ne fait aucun doute. Les services de sécurité interne du Hamas sont les seuls à pouvoir porter des armes en public à Gaza et, la plupart du temps, ont agi à visage découvert. Mais la question des responsabilités reste posée. Si les leaders du Hamas ne se sont pas exprimés, l’un de leurs porte-parole, Tahar el-Nunu, a justifié à demi-mot l’élimination des « collabos ». « Aujourd’hui, estime Donatella Rovera, la vraie question est de savoir si les milices ont agi sous les ordres directs du leadership politique. Personnellement, je ne le crois pas, car les leaders sont au contraire très embarrassés. » Amnesty a appelé les dirigeants du Hamas à mettre en place une commission nationale d’enquête et à manifester ainsi leur volonté politique de reprendre le contrôle de leurs hommes.

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