Tarek Aziz écrit à ses juges
L’ancien ministre des Affaires étrangères clame son innocence dans une lettre adressée au président du Haut Tribunal pénal et au procureur général.
Sous le coup de plusieurs procédures devant le Haut Tribunal pénal irakien (HTPI), chargé de juger les anciens dignitaires du régime déchu, le chrétien Tarek Aziz, chef de la diplomatie de Saddam Hussein, ne cesse de clamer son innocence. Son avocat, Me Badi Aref, ancienne célébrité du barreau de Bagdad, installé aujourd’hui à Amman, a rendu publique, le 10 février, une lettre rédigée à la fin de 2008 par Tarek Aziz à l’intention du président du tribunal, le juge Mohamed Aribi, et du procureur général, Mounqid Faraouni. L’ex-ministre des Affaires étrangères y explique qu’aucun acte d’instruction n’est parvenu à prouver son implication dans les faits qui lui sont reprochés (des massacres collectifs contre des populations chiites dans les provinces méridionales du pays en 1992). « À l’issue de plusieurs séances de confrontation et après le témoignage de nombreux plaignants, écrit-il notamment, aucun indice établissant une quelconque relation entre mes fonctions et les tueries qui me sont imputées n’a été établi. »
En conclusion de cette plaidoirie pro domo, Tarek Aziz a souhaité que le tribunal puisse rendre son jugement sur la seule base des faits, en dehors de toute considération politique. Cette missive, datée de décembre 2008, aurait, selon Me Badi Aref, convaincu les juges de l’innocence de Tarek Aziz. Mais l’avocat relativise : « Si mon client est maintenu en prison, c’est qu’il est poursuivi pour d’autres affaires, toutes aussi farfelues les unes que les autres. » Aujourd’hui, la priorité pour le staff de défense de Tarek Aziz est d’obtenir le plus rapidement possible sa libération et l’extinction des poursuites. « Dans un second temps, nous envisageons d’entamer une procédure contre le président du tribunal et contre le procureur général pour atteintes graves au droit de la défense. » Procédure dont le prévenu Tarek Aziz n’a que faire, car ce qui compte pour lui, c’est d’abord sa libération. Et si sa plaidoirie épistolaire se révèle efficace, il est prêt à en rédiger autant qu’il y a d’instructions ouvertes contre lui.
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