Joseph Ndiaye

Âgé de 86 ans, l’ancien conservateur de la Maison des esclaves, sur l’île de Gorée, a franchi la « Porte du non-retour ».

Publié le 17 février 2009 Lecture : 2 minutes.

Le vent du large ne portera plus sa voix chaude par-dessus les flots, vers les lointaines contrées autrefois gorgées de la sueur et du sang des esclaves dont il racontait les souffrances sans jamais se lasser. Boubacar Joseph Ndiaye est mort à Dakar, le 6 février 2009, à l’âge de 86 ans. Affaibli depuis quelques années, le célèbre conservateur de la Maison des esclaves, située sur l’île de Gorée au large de Dakar, ne faisait plus que de rares apparitions dans la cour de la bâtisse ocre où, pendant plus de quarante ans, il a accueilli des milliers de visiteurs anonymes et célèbres. Doté d’un sens de la narration hors du commun, Joseph Ndiaye, comme on l’appelait, en fit pleurer plus d’un. Michael Jackson, Mohammed Ali, James Brown, Félix Houphouët-Boigny, Bill Clinton… et même le pape Jean-Paul II !

Bien qu’il soit né à Rufisque (à 28 km de Dakar), Joseph Ndiaye était issu d’une famille goréenne. Il ira d’ailleurs à l’école primaire à Gorée avant de poursuivre sa scolarité dans la capitale. Ancien tirailleur sénégalais, sous-officier parachutiste, il combattit aux côtés des troupes françaises pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce qui lui valut plusieurs décorations, dont la croix de guerre, mais ce n’est que bien plus tard qu’il deviendra célèbre. En 1962, il est nommé conservateur de la Maison des esclaves. Sa passion pour l’histoire de la traite négrière et son ardeur à lutter contre l’oubli dépassent vite les frontières du Sénégal. Même les contestations autour de ses thèses sur l’importance et le rôle de Gorée n’entachent pas sa réputation. Alors qu’il parle de millions d’Africains partis de Gorée – et dont des milliers de cadavres furent jetés à la mer par la « Porte du non-retour » –, quelques historiens estiment qu’à peine 500 esclaves passaient annuellement sur l’île… Au-delà de la polémique, c’est en grande partie grâce à lui que Gorée fut inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco en 1980.

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Joseph Ndiaye est l’auteur de quelques ouvrages dont le plus récent est Il fut un jour à Gorée, l’esclavage raconté à nos enfants… (éditions Michel Lafon, 2006). Malgré sa célébrité, il mourut sans avoir jamais connu la gloire. En 2006, dans une interview à la presse sénégalaise, il avait même dévoilé son isolement et les difficultés financières auxquelles il était confronté. « Je suis en train de vivoter », avait-il déclaré.

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