Drôles de dames

Publié le 17 février 2009 Lecture : 2 minutes.

Le sort d’Émilienne Gomé Gnohité, secrétaire particulière de la présidence ivoirienne, et d’Élise Metté Umviga, sa complice, a été scellé en quelques jours. À peine révélée, l’affaire a été portée devant le tribunal des flagrants délits d’Abidjan et jugée, le 11 février, avec une célérité et une sévérité inhabituelles : cinq ans de prison ferme pour une escroquerie portant sur 65 millions de F CFA (environ 100 000 euros). Le message est clair : le président Laurent Gbagbo est résolu à faire le ménage.

L’affaire aurait pourtant pu provoquer un incident diplomatique si l’entreprise MTN, le géant sud-africain de la téléphonie mobile, qui a versé les 65 millions, n’avait pas choisi de faire profil bas après l’expulsion d’Aimable Mporé, son directeur général pour la Côte d’Ivoire. MTN a même présenté ses excuses au chef de l’État et à tous ceux « qui auraient pu être victimes de cette fraude à l’identité ». Les autorités reprochent à Mporé d’avoir inscrit sur la souche de son chéquier la mention « don au chef de l’État » pour une somme que l’homme d’affaires croyait destinée aux œuvres sociales de la présidence. Il pensait se plier à une pratique, qui lui avait été présentée comme courante, consistant à faire un « cadeau » pour faciliter une demande d’audience. Or le chèque de MTN a été encaissé par une société appartenant à Gomé Gnohité…

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Reste que, pour la direction de la société sud-africaine, Mporé a agi « de bonne foi » et a simplement cédé à l’ambiance générale. Car personne ne conteste que la morale en Côte d’Ivoire n’est plus ce qu’elle était. « Pendant la crise, reconnaît Laurent Gbagbo, nous savions qu’il y avait des voleurs, mais nous ne pouvions pas être sur tous les fronts à la fois. Maintenant que le pays retrouve une vie normale, nous devons pourchasser ceux qui détournent de l’argent. Que personne ne se trompe sur notre détermination. »

La grande lessive a commencé dans la filière café-cacao, dont plusieurs hauts responsables sont derrière les barreaux. « Il est tout de même curieux que cette affaire, qui porte sur des milliards, ne soit pas jugée avec autant de célérité que celle de la secrétaire et ses 65 millions de F CFA », s’étonne un chef d’entreprise. Sans doute y a-t-il des dossiers plus urgents – ou moins délicats – que d’autres… 

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