René Guyonnet

Notre collaborateur est décédé le 13 février à Paris, à l’âge de 83 ans.

Publié le 16 février 2009 Lecture : 3 minutes.

René Guyonnet n’ira plus regarder l’océan depuis la pointe du Devin, au bout de l’île de Noirmoutier. Pour sa femme, Annyvonne, ses deux filles, Anne-Iris et Marie, et ses quatre petits-enfants, les habituelles vacances dans le hameau du Vieil n’auront plus jamais la même saveur. Indispensable collaborateur de Jeune Afrique depuis seize ans, René s’est éteint à l’âge de 83 ans, le 13 février 2009.

Bien sûr, tous les journalistes de la rédaction peuvent louer sa bienveillante rigueur, son amour de la langue française, son goût de la précision et du mot juste. Mais ce sont surtout les femmes qui savent dire l’homme qu’il était. Et pour cause. « Je me souviens de sa patience, de ses yeux malicieux, de cette étincelle d’intelligence et de connivence dans le regard qui n’appartient qu’aux grands séducteurs », raconte Juliette Bastin, qui a longtemps travaillé à ses côtés et qui n’oublie pas le baisemain dont il la gratifiait tous les matins.

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Infatigable travailleur qui, jusqu’à la fin de 2008, a fait montre d’une phénoménale énergie pour écrire, traduire, conseiller, René Guyonnet n’était pas de ceux qui brassent du vent, agitent leur ego en veux-tu en voilà et se signalent par les mots prononcés un ton trop haut. Discret et modeste, installé tout au fond d’un long couloir entre ses piles de dictionnaires, il prenait plaisir à prodiguer ses conseils aux jeunes journalistes comme aux vieux brisquards. Sans prétention et avec indulgence. « Je ne serais pas devenue journaliste si je ne l’avais pas connu, poursuit Juliette Bastin. C’est la personne qui a eu la patience de m’apprendre à écrire en reprenant chacun de mes papiers, phrase après phrase, avec son crayon et sa gomme. » L’auteur de ces lignes peut en témoigner : il a été à la même école. « Il avait l’œil pour relever ce qui n’allait pas dans un papier, confie son voisin de bureau Hamid Barrada. Son opinion comptait toujours, même si on n’était pas d’accord avec lui. Il avait la modestie des vieux de la vieille qui ne rechignent pas à se faire relire et pensent qu’un journal est un travail collectif. »

Élégant, démodé, sobre, René arrivait tous les matins au journal dans sa petite Renault 5. En silence, il allait s’installer et lisait d’un bout à l’autre l’International Herald Tribune, Le Figaro et L’Équipe. À midi, on pouvait le croiser à sa table, au Village d’Auteuil, ou bien les pieds sur le bureau, en train de manger un sandwich. S’il parlait de lui, c’était pour raconter une anecdote pleine de sens, utile pour un papier ou riche d’expérience. Il aurait pu, pourtant, mettre en avant un beau parcours.

Élève du prestigieux lycée Louis-le-Grand, très tôt traducteur de romans et de livres d’histoire, journaliste aux Temps modernes et proche de Jean-Paul Sartre, puis rédacteur pour L’Information et United Press, René était un passionné du septième art. Ceux qui ont pris le risque d’en discuter avec lui se souviennent tous de l’étendue de sa culture. C’est d’ailleurs en tant que critique de cinéma qu’il est entré à L’Express à la fin des années 1950, à la grande époque des Jean-Jacques Servan-Schreiber, Françoise Giroud, Philippe Grumbach… Pour en assumer la rédaction en chef à partir de 1963, puis la direction de la rédaction en 1978, avant de devenir directeur adjoint du groupe L’Express en 1980. Tout cela, René ne le racontait pas. Il préférait causer rugby ou cinoche et évoquer cette passion du tennis qui l’a maintenu sur les courts jusqu’à plus de 80 ans… Après un bref passage par VSD, il a travaillé dix ans au Nouvel Économiste, puis a rejoint Jeune Afrique en 1993, où, en plus d’abattre un travail considérable, il n’a jamais compté ses conseils. « C’était un chasseur de virgules, explique Hamid Barrada. Mais cette simple exigence reflétait une extrême rigueur de la pensée. » René, cher chasseur de virgules, pour les conseils, pour les anecdotes et pour les critiques : merci.

Les obsèques de René Guyonnet auront lieu:

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Le lundi 23/02/09, à 10H
au Cimetière du Père Lachaise
dans la grande salle
arrivée par la Place Gambetta
 

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