Fromage

Publié le 10 février 2009 Lecture : 1 minute.

Quand j’étais petit, nous nous moquions, mes petits camarades et moi, des paysans qui prononçaient formage le mot « fromage ». Cet âge est sans pitié… Et puis, des années plus tard, je découvris que « fromage » venait de l’ancien français « formage », ou plus exactement de l’expression « le lait formage », c’est-à-dire le lait « en forme » ! Contrit, j’adressai par la pensée mes excuses sincères, quoique tardives, à ces solides paysans des Doukkala qui, sans le savoir, prononçaient le mot exactement comme il avait commencé sa vie, avant d’être corrompu par l’usage.

Cela dit, on peut noter un autre changement dû à l’usage : l’adjectif « formage » a totalement disparu de la langue et seul subsiste le substantif, déformé en « fromage ». Il y a d’autres cas similaires où l’adjectif n’existe plus que sous la forme du substantif : l’aube, c’est-à-dire « la blanche », du latin populaire alba ; le biscuit, autrement dit le pain deux fois cuit ; le sanglier, l’animal solitaire (singularis) ; le journal, en fait « le papier journal », qui donne les nouvelles de chaque jour ; le bouclier, qui vient de « écu bouclier », c’est-à-dire pourvu d’une boucle.

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Il n’y a pas de quoi en faire un fromage ? Peut-être, mais c’est quand même bon à savoir. Et ça vous évitera d’utiliser les pléonasmes « l’aube blanche » ou « le sanglier solitaire » quand vous taquinerez la muse…

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