Récits tendres et cruels de l’Égypte nouvelle

Publié le 10 février 2009 Lecture : 2 minutes.

Après les succès de L’Immeuble Yacoubian, véritable phénomène littéraire qui s’est vendu à plus de 700 000 exemplaires dans le monde arabe, et de Chicago, l’écrivain égyptien Alaa El Aswany revient avec un recueil de nouvelles, intitulé ironiquement J’aurais voulu être égyptien !Ce titre est extrait d’une citation du militant nationaliste Mustafa Kemal, mise en exergue dans la première nouvelle du volume. Confronté aux maux de la société égyptienne contemporaine, son héros, Issam Abd El Ati, se moque du discours nationaliste de Kemal. Ce texte est, en fait, l’un des tout premiers d’El Aswany. Il a même failli être le dernier, car la censure égyptienne a vu dans cette parodie une atteinte à la grandeur du pays des Pharaons, sept fois millénaire !

On lira avec gourmandise dans la passionnante préface de ce recueil le récit qu’El Aswany fait de sa rencontre fatidique avec l’employé de l’Office du livre. Il y est question de l’absurdité de la censure, mais aussi du pouvoir de l’imagination et du danger de l’amalgame entre la vérité littéraire et la réalité sociologique. « Le roman, rappelle l’auteur, c’est de la vie sur du papier, qui ressemble à la vie de tous les jours en plus profond, en plus séduisant, en plus beau. »

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Et peut-être aussi en plus vrai, comme le lecteur peut s’en rendre compte en lisant ces nouvelles qui en disent long sur la vie égyptienne, sur la vérité des rapports de force entre riches et pauvres, puissants et faibles. À travers une analyse pénétrante des faux-semblants et des hypocrisies, le romancier brosse le portrait d’une société cruelle où les faibles, les désargentés sont condamnés à une vie précaire, en marge du bonheur.

Mais il arrive parfois qu’un accidenté de la vie, accablé d’une béquille et d’une jambe artificielle, comme ce jeune héros d’une des plus touchantes nouvelles du recueil, « Ezzat Amine Eskandar », réussisse à prendre son destin en main et à transcender son infirmité. Sous les yeux effarés de son ami qui lui a prêté sa bicyclette : « Il avait gagné… Je le voyais sur son bolide lancé comme une flèche, redresser le dos et relever la tête… »

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