À Washington, le noir est à la mode

Africain-Américain et modéré, le nouveau patron du Parti républicain se réclame volontiers d’Abraham Lincoln. Oui, oui, comme le démocrate qui occupe la Maison Blanche…

Publié le 10 février 2009 Lecture : 2 minutes.

C’est un homme politique africain-américain. Chez lui, on votait plutôt démocrate. Dans le salon familial, il y avait des photographies de John Fitzgerald Kennedy et de Martin Luther King. En 2004, il s’est fait connaître en prononçant un long discours à la convention nationale de son parti. Aujourd’hui, il se réclame fréquemment d’Abraham Lincoln, le président qui mit fin à l’esclavage. Son nom ? Michael Steele.

Après six tours de scrutin, cet homme de 50 ans est devenu, fin janvier, le premier Africain-Américain à présider le Parti républicain. Lequel semble résolu à tourner définitivement la page Bush. Il l’a emporté sur trois concurrents : Mike Duncan, le président sortant, installé à ce poste par George W. ; Katon Dawson, qui appartint longtemps à un club « réservé aux Blancs » ; et Ken Blackwell, un autre Africain-Américain.

la suite après cette publicité

La presse internationale a vu dans cette élection un prolongement de « l’effet Obama », alors que le tout nouveau président américain jouit d’une popularité sans précédent. Remerciant les siens, Steele s’est posé en opposant numéro un et a coiffé la casquette du modernisateur : « L’heure est venue de faire quelque chose de complètement différent. Nous allons implanter ce parti partout, dans tous les conseils d’administration, dans tous les quartiers, dans toutes les communautés. »

Vote hispanique

L’objectif des républicains est clair : récupérer les voix des minorités – en particulier celles des Hispaniques – qui leur ont cruellement fait défaut lors du scrutin de novembre. « Nous sommes souvent perçus comme un parti dépourvu de compassion, insensible, voire peu concerné par les minorités ; or rien n’est plus éloigné de la vérité », estime Steele.

Moins visible qu’un sénateur ou qu’un gouverneur, le président d’un parti joue un rôle déterminant dans l’organisation des campagnes électorales. Mais il est arrivé qu’en l’absence de personnalités charismatiques il acquière une dimension nationale. Par défaut, en somme.

la suite après cette publicité

Ancien gouverneur adjoint du Maryland (2003-2007), Michael Steele, qui est de confession catholique, passe pour un modéré. Issu d’une famille modeste, il a grandi dans le quartier populaire de Petworth, à Washington, obtenu une bourse pour étudier les relations internationales à l’université Johns-Hopkins de Baltimore, puis a choisi de devenir prêtre. Mais sa vocation sacerdotale n’a apparemment pas résisté à l’épreuve du petit séminaire.

Ayant achevé ses études de droit de l’université Georgetown (Washington), il est devenu juriste, a un temps travaillé au Japon, puis a monté sa propre société de consulting avant de se lancer en politique – tout en restant associé au sein du cabinet Dewey & LeBoeuf.

la suite après cette publicité

Passionné d’escrime

D’abord proche des démocrates, il raconte s’être tourné (idéologiquement) vers le camp républicain au début des années 1980, à l’époque où Ronald Reagan était président, quand sa mère, refusant d’avoir recours à l’aide sociale pour élever ses deux enfants, choisit de travailler dans une laverie. Pourtant, de son propre aveu, il fut d’abord mal accueilli par ses nouveaux amis politiques. Ce qui ne l’empêcha pas de gravir un à un les échelons du Grand Old Party. En 2006, il sera battu par le démocrate Benjamin Cardin pour le poste de sénateur du Maryland.

Père de deux garçons et passionné d’escrime, Steele a déjà démontré qu’il savait porter le fer avec adresse en rappelant incidemment qu’Abraham Lincoln, le modèle de Barack Obama, était… républicain.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires