Israël/États-Unis : les règles du jeu vont changer

Haaretz Quotidien, Israël

Publié le 10 février 2009 Lecture : 2 minutes.

Peut-être sera-t-il le plus grand président américain de tous les temps. Mais de notre point de vue égoïste, il ne sera pas George W. Bush. Il n’y a aucune chance de voir un Premier ministre israélien le contraindre à quitter une réunion, comme Olmert l’a fait avec Bush, pour l’enjoindre de demander à sa secrétaire d’État de voter contre une résolution de l’ONU, et s’en vanter ensuite publiquement. Ces singeries ne seront plus de mise avec une dure comme Hillary Clinton au département d’État. Avec Obama à la barre, je ne vois pas nos dirigeants concocter des « accords » avec les partisans d’Israël au sein du Congrès.

Obama a lancé un message très clair : les règles du jeu vont changer, et cette nouvelle donne requiert le dialogue et des concessions plutôt que l’usage de la force. Ne serait-ce qu’à cause de son âge et de son profil, son engagement aux côtés d’Israël ne sera pas le même que celui de ses prédécesseurs. Certains présidents des États-Unis nous considéraient comme leurs fidèles alliés, comme leur base avancée au cœur d’une région où ils sont haïs, berceau des terroristes du 11 Septembre et autres ennemis des intérêts américains. Mais le soutien d’Obama à Israël ne va pas de soi ; rien dans son passé n’indique qu’il ait une inclination particulière pour nous. Le président Carter, par exemple, pourtant loin d’être favorable à la politique israélienne, s’est toujours pleinement engagé aux côtés du peuple juif. Aucun autre président n’a consacré autant de temps et d’énergie à la signature d’un accord de paix entre Israël et l’Égypte. Pourtant, les dirigeants israéliens ne lui ont jamais pardonné d’avoir fait en sorte que l’Amérique reconnaisse le droit des Palestiniens à un État sur les frontières de 1967.

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Parmi les gens dont Obama s’est entouré, il y en a beaucoup qui sont parfaitement au fait de la situation et qui ont une idée précise du type de concessions qu’Israël doit faire. À leurs yeux, même Ehoud Barak est encore trop à droite. Concrètement, nous aurons à traiter directement et d’abord avec Hillary Clinton. Il nous faudra impérativement travailler avec elle – et non contre elle –, sans essayer de la contourner en passant par le président ou le vice-président, considéré comme un ami d’Israël. Nous devrons changer notre manière de faire. En clair, nous comporter différemment et faire très attention, tels des porcs-épics engagés dans des ébats amoureux. Le prochain gouvernement israélien devra bien se tenir et ne pas agir de manière inconsidérée. Il lui faudra apprendre à ne plus dire aux Américains ce qui est bon pour eux.

Il se peut qu’Obama tente de régler le grave problème sécuritaire – désormais au grand jour – que nous posent le Hezbollah, le Hamas, la Syrie et l’Iran en appelant au dialogue et en redéfinissant les priorités. Mais il convient de garder à l’esprit – en le rappelant à la communauté internationale – que, pendant ce temps, les centrifugeuses iraniennes continuent de tourner jour et nuit.

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