Rachida, Rama et Fadela sont dans un bateau…


Publié le 9 février 2009 Lecture : 2 minutes.

Il y a tout juste un an, Jeune Afrique a réalisé, avec l’institut de sondage français Ifop, une enquête sur la perception par les Français d’origine africaine des trois ministres issues de la diversité. Rachida Dati, Fadela Amara et Rama Yade, icônes radieuses lors de leur première apparition sur les marches de l’Élysée un beau jour de juin 2007, représentaient alors le symbole d’une vraie rupture. Résultat de cette enquête : les Français d’origine africaine approuvaient largement ces nominations et décernaient à Fadela Amara la palme de la représentativité et de l’efficacité, devant Rachida Dati et Rama Yade. C’était l’époque de la diversité triomphante.

Un an après, que reste-t-il de nos trois Grâces ? Rachida Dati quitte le gouvernement en juin, à la demande de son mentor Nicolas Sarkozy, pour conduire la liste UMP aux élections européennes. Un poste régalien contre un strapontin de député : belle promotion, quoi qu’en ait dit le président lors de son allocution télévisée du 5 février. Rama Yade reste au gouvernement, mais se trouve affaiblie et marginalisée par son propre camp politique depuis son refus d’être candidate à ces mêmes élections. Finalement, c’est celle qui était présentée comme la moins « sarkompatible », Fadela Amara, qui s’en sort le mieux… Certes, le moins glamour Yazid Sabeg a intégré le cercle des emblèmes des « minorités visibles ». Nommé commissaire à la diversité par le chef de l’État français, il entame à peine sa mission. Laissons-lui un peu de temps avant de juger son action. Mais Lilian Thuram vient de refuser la proposition de l’Élysée de devenir ministre. L’ancien footballeur ne rejoindra pas notre piste aux étoiles au bord de la déprime…

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Le plus désolant dans ce chassé-croisé de Français à part entière mais tout de même à part, c’est le sort réservé à Rachida Dati. Quelles que soient ses erreurs, ses fautes de goût et ses maladresses, l’acharnement dont elle est l’objet aujourd’hui a quelque chose de franchement odieux. Quand elle était l’amie et la protégée du président, l’exercice à la mode consistait à lui cirer religieusement les Prada. Aujourd’hui qu’elle est en pleine disgrâce, ses qualités (sa différence justement) deviennent subitement des défauts. Les jalousies s’étalent au grand jour, ses zélés défenseurs se sont mués en sombres procureurs. L’intouchable est devenue cible privilégiée, l’égérie une pestiférée. Allez comprendre. Reste la question qui dérange : subirait-elle le même traitement médiatique et politique si elle était moins… « différente » ?

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