Darwin vivant

Le bicentenaire de la naissance du scientifique déclenche une avalanche de publications. Et profite aussi à ses détracteurs.

Publié le 5 février 2009 Lecture : 2 minutes.

Outre les prix littéraires – qui, comme les feuilles mortes, tombent chaque année à l’automne… –, un autre type d’événement rythme la vie éditoriale en France : les commémorations. On se souvient de la rafale de livres sortis en 2006 à l’occasion du centième anniversaire de la naissance de Senghor. Récemment, en novembre 2008, on a assisté à un phénomène comparable pour les 100 ans de l’anthropologue Claude Lévi-Strauss.

Aujourd’hui, c’est un immense homme de science, Charles Darwin, qui, deux cents ans après sa naissance, le 12 février 1809, déclenche une avalanche d’ouvrages. Le magazine Livres Hebdo (n° 755, du 21 novembre 2008) en a recensé une cinquantaine sortis depuis 2007. Pourquoi une telle ferveur ? D’abord, parce que la théorie de l’évolution, formulée dans L’Origine des espèces, publiée en 1859 – et rééditée en poche chez Garnier Flammarion –, demeure le pilier des sciences du vivant, où elle connaît de multiples applications. En médecine, par exemple, après que l’on a découvert comment la sélection naturelle peut favoriser l’expansion de cellules cancéreuses au détriment des cellules saines.

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En même temps, l’opposition à la pensée darwinienne refait surface avec une vigueur ahurissante. Début 2007, un luxueux ouvrage, L’Atlas de la création, signé d’un auteur turc, Harun Yahya, visant à démontrer que Dieu a créé ex nihilo l’ensemble des espèces vivantes, a été diffusé dans le monde entier. Il s’en serait vendu 8 millions d’exemplaires. Islamistes et évangéliques se rejoignent dans une même croisade obscurantiste, que de nombreux auteurs s’emploient à décrypter. Comme dans Dieu versus darwinisme : les créationnistes vont-ils triompher de la science ? (Albin Michel), où Jacques Arnould explique la théorie du « dessein intelligent ».

Loin de ces fadaises, l’important, nous semble-t-il, est de revenir au grand scientifique anglais lui-même. Pour connaître son parcours, il faut lire L’Autobiographie (Le Seuil). Parmi les titres sur son œuvre, à signaler, dans la collection « Que sais-je ? » des PUF, Darwin et le darwinisme du philosophe Patrick Tort, l’un des spécialistes du sujet. Le même fait paraître au Seuil L’Effet Darwin, où il tente de montrer que la sélection naturelle n’a rien à voir avec la loi du plus fort, qu’elle est même à l’origine de la civilisation.

Pour ceux qui veulent aller (facilement) à l’essentiel, Darwin et l’évolution expliqués à nos petits-enfants, publié en poche par Le Seuil (8,50 euros), est l’outil idéal. Pascal Picq, l’auteur, professeur au Collège de France, est, avec Yves Coppens, le paléoanthropologue français le plus chevronné. Sous forme de dialogue avec une adolescente, il passe en revue les différentes questions : évolution, sélection naturelle, grandes étapes de l’histoire de la vie, sans omettre de présenter les précurseurs tels que les Français Linné et Lamarck. Avant de conclure que l’évolution ne concerne pas que le passé. Elle se déroule sous nos yeux. Elle nous permet de comprendre les menaces qui pèsent sur le monde de demain.

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