Quand les budgets explosent

Face à la menace d’une récession prolongée, les pays développés, États-Unis et Royaume-Uni en tête, n’ont d’autre choix que de creuser de vertigineux déficits.

Publié le 5 février 2009 Lecture : 3 minutes.

Les règles de l’orthodoxie budgétaire volent en éclats. Face à la menace d’une récession prolongée, les gouvernements des pays riches se sont résolus à débourser des centaines de milliards de dollars pour venir en aide aux entreprises, afin qu’elles licencient le moins possible, et aux particuliers, pour les inciter à consommer davantage. Bref, ils font précisément ce que, depuis toujours, ils déconseillent aux pays pauvres de faire : augmenter les dépenses publiques en s’endettant.

Ce sont les États-Unis, première puissance économique mondiale, qui ont montré la voie en annonçant un plan de relance de l’activité et de soutien aux plus démunis de quelque 1 000 milliards de dollars (programme Obama), après les 700 milliards du plan Bush. Entièrement financées par l’emprunt, ces dépenses vont se traduire par le quadruplement du déficit budgétaire américain pour l’exercice fiscal 2009 : 1 700 milliards, contre 389 milliards en 2008 et 180 milliards en 2007. Jusqu’ici maintenu sous la barre des 3 % du produit intérieur brut (PIB) – limite maximale admise au niveau mondial –, il devrait culminer à 11,7 % en 2009.

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Cette explosion sans précédent s’explique par une montée, elle aussi sans précédent, du chômage. Les entreprises américaines ont, en 2008, licencié 2,6 millions de travailleurs. Autant qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Avec 11 millions de chômeurs sur les bras (7,2 % de la population active), le président Barack Obama ne peut se permettre cette année une nouvelle aggravation de la situation. Car si l’économie ne repart pas, 2 millions d’emplois supplémentaires seront inéluctablement perdus d’ici au mois de décembre. Il faut donc beaucoup, beaucoup d’argent pour relancer la machine…

ARGENT PAS CHER

Le Trésor américain ne devrait avoir aucun mal à souscrire des emprunts sur le marché boursier. La crise de confiance dans les institutions financières privées incite en effet les détenteurs de liquidités – Chine, Japon, Russie, pays pétroliers du Moyen-Orient – à placer leurs capitaux aux États-Unis. Le 8 janvier, en quelques heures, le Trésor américain a ainsi vendu pour 16 milliards de dollars d’obligations remboursables sur dix ans, au taux d’intérêt de 2,433 %. Voilà de l’argent pas cher… La capacité d’emprunt des États-Unis n’est d’ailleurs pas épuisée, puisque l’encours de leur dette ne dépasse pas 70 % du PIB.

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La plupart des autres pays industrialisés – les scandinaves exceptés – font de même pour tenter de sauver des emplois et de stimuler l’économie. Le déficit budgétaire de la France, par exemple, devrait atteindre 86,5 milliards d’euros en 2009, contre 56,2 milliards en 2008. Celui du Royaume-Uni sera le plus mauvais depuis soixante ans (9,1 % du PIB).

Face à ces excès, l’Union européenne n’a d’autre choix que d’assouplir l’application de la fameuse règle des 3 % dans les autres pays membres : Grèce, Italie, Portugal, Espagne, etc. Même le Fonds monétaire international (FMI), qui continue de l’imposer aux pays en développement, ne souffle mot devant les dérapages des pays développés.

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Les pays émergents de l’Asie orientale devraient réussir à limiter leur déficit à environ 1,4 % en 2009, tandis que les latino-américains, grâce à leurs ressources pétrolières, devraient enregistrer un léger excédent (+1,1 %). Ceux d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient seront dans le même cas. Quant aux subsahariens, qui, pour la plupart, sont sous assistance du FMI et de la Banque mondiale, ils réussiront sans doute à maîtriser leur déficit (0,6 % en 2008, 1,3 % en 2009). Seuls les pays d’Asie du Sud, trop dépendants des transferts d’argent de leurs émigrés dans le Golfe et des investissements étrangers, devront laisser filer leur déficit (8,6 %). Ce qui, contrairement aux pays riches, qui ont la capacité de rembourser, les expose à un grave danger de surendettement.

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