Une date et beaucoup de questions
L’élection présidentielle a été fixée au 6 juin 2009. Selon quelles modalités et avec quels candidats ? Mystère.
Est-ce par souci du symbole que la date retenue pour le premier tour de la présidentielle en Mauritanie est le 6 juin 2009, soit précisément dix mois après le coup d’État du général Ould Abdelaziz ? Annoncé le 23 janvier comme le résultat des « états généraux de la démocratie » qui se sont tenus en décembre, le calendrier est jugé « serré » par plusieurs observateurs. Les listes utilisées lors des scrutins de 2006 et 2007 doivent être actualisées, en incluant notamment les nouveaux majeurs et les réfugiés rentrés du Sénégal et du Mali. Si une Commission électorale nationale indépendante (Ceni) est chargée de veiller à la transparence du processus, il reste à la composer. Les sites des bureaux de vote doivent être identifiés (il y en avait 2 378 en 2006-2007), travail fastidieux dans l’un des pays les moins denses de la planète (3 millions d’habitants pour une superficie deux fois supérieure à celle de la France). Les bailleurs de fonds, notamment l’Union européenne (UE), financeront-ils l’élection ? En 2006-2007, ils avaient décaissé au total 8,7 millions d’euros (pour les législatives, les sénatoriales et la présidentielle). « Il est encore trop tôt pour le dire », confie un diplomate européen. D’ici au 20 février, échéance au-delà de laquelle l’UE pourrait prendre des sanctions contre Nouakchott à défaut d’un retour à l’ordre constitutionnel, l’UE espère obtenir des garanties quant à la transparence du scrutin.
Une partie de la classe politique, elle, n’y compte pas. Pour Mohamed Ould Maouloud, chef de l’Union des forces de progrès (UFP), « cette élection sera une mascarade de plus, la junte n’a aucune légitimité pour l’organiser ». Une opinion partagée par les partisans du président renversé Sidi Ould Cheikh Abdallahi, qui a avancé, le 21 janvier, sa propre solution pour sortir de la crise : son retour au pouvoir et l’organisation d’élections législatives et présidentielle anticipées.
Beaucoup de questions restent en suspens. L’administration actuelle organisera-t-elle le scrutin ? « Sidi » pourra-t-il se présenter ? Ahmed Ould Daddah, leader du premier parti d’opposition, le Rassemblement des forces démocratiques (RFD), sera-t-il candidat ? Et le général Ould Abdelaziz ? Ce dernier ne s’est pas encore prononcé. Aux termes de la Constitution, il devra, pour ce faire, démissionner de l’armée quarante-cinq jours avant la date du scrutin.
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