Les Arabes israéliens sont la solution

Newsweek Hebdomadaire, États-Unis

Publié le 5 février 2009 Lecture : 2 minutes.

Depuis quelque quarante ans, l’establishment politique israélien butte sur la paix avec les Palestiniens, les électeurs juifs étant divisés en deux blocs égaux. Mais Israël pourrait débloquer la situation en se tournant vers ses Arabes, soit environ 14 % du corps électoral. Citoyens de plein droit, selon la loi, ils sont de fait considérés comme des citoyens de seconde zone. Autorisés à la Knesset, leurs partis politiques n’ont jamais été sollicités pour rejoindre une coalition de gouvernement. La déclaration d’indépendance garantit pourtant l’égalité à tous les citoyens israéliens, quelles que soient leur religion ou leur ethnie. Mais ce principe n’est pas toujours appliqué. Le rapport 2007 de l’ONG Sikkuy montre, par exemple, que l’espérance de vie des Arabes est inférieure de quatre ans à celle des juifs. Il souligne également qu’en matière de santé Israël dépense pour les juifs environ 130 dollars par mois et par personne, contre 85 dollars pour les Arabes. L’État hébreu doit immédiatement mettre fin à cette discrimination non seulement pour des raisons morales, mais aussi dans un but pratique : la paix en dépend.

Le 10 février, les pro-paix, dont le parti centriste Kadima, dirigé par Tzipi Livni, affronte sans grandes chances de l’emporter un bloc de partis de faucons emmené par Benyamin Netanyahou. Si ce dernier est à nouveau Premier ministre, il n’y aura pas de négociations significatives avec les Palestiniens. La construction du « mur » et des colonies se poursuivra, ainsi que celle du réseau routier, des infrastructures pour l’eau et l’électricité, des installations militaires… Ce qui rendra impossible la création d’un État palestinien. La coalition dirigée par « Bibi » devrait remporter 60 sièges à la Knesset ; celle de Livni, 50. Mais les Arabes israéliens pourraient renverser la vapeur. Jusque-là, bien conscients de leur impuissance, ils avaient tendance à bouder les scrutins nationaux. Mais s’ils ont la conviction que leur vote compte, ils pourraient se rendre massivement aux urnes et remporter quelque 17 sièges, faisant pencher le Parlement vers le centre gauche. Pour ce faire, le camp de la paix israélien doit clairement exprimer sa volonté d’alliance avec les partis arabes. Une telle coalition galvaniserait la population. Les Arabes israéliens ont mal vécu les événements de Gaza. Mais un des leurs a été touché par une roquette du Hamas aux premiers jours de la guerre. En cela, on peut les amener à se considérer comme partie intégrante de la société israélienne.

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Certains Israéliens estiment qu’un partenariat avec leurs concitoyens arabes mettrait le sionisme en danger. C’est absurde. L’État israélien est puissant et dynamique. L’invasion de Gaza rappelle à tous combien l’armée est encore efficace. L’économie est florissante grâce à l’essor extraordinaire du secteur des hautes technologies. La société est solide, avec une activité religieuse débordante et une culture florissante. Bref, Israël se porte bien.

Comme Gaza est venu nous le rappeler, les juifs israéliens tous seuls ne réussiront pas à faire la paix avec leurs voisins. Nous avons besoin de l’aide des Arabes israéliens. Les inviter à nouer un vrai partenariat serait un ultime succès pour le sionisme. À l’ère d’Obama, il est temps d’oublier nos vieux préjugés et nos phobies pour aller de l’avant. Il y va de l’avenir de notre pays.

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