Escort girls

Publié le 3 février 2009 Lecture : 2 minutes.

PENDANT QUE Madagascar a la fièvre, que les économistes pérorent à Davos et que Barack Obama s’essaie au Proche-Orient compliqué, le procès de l’Angolagate poursuit à Paris, dans l’indifférence générale, le récit de ses petites turpitudes.

L’autre jour, l’homme d’affaires Pierre Falcone, qui est un peu (beaucoup ?) au cœur de ce scandale, est venu à la barre afin d’expliquer pourquoi sa société, Brenco, avait recruté autant d’« escort girls » dans le cadre de son juteux commerce d’armes de guerre avec l’Angola. « Mon plus grand souci, a-t-il expliqué benoîtement, était d’assurer le meilleur accueil possible aux délégations angolaises dont j’avais la charge. » Lesquelles délégations, manifestement bien dotées en per diem, passaient parfois « plusieurs semaines, voire de longs mois », dans la capitale française. À la demande expresse des autorités de Luanda (en réalité, du président dos Santos lui-même), Falcone veillait personnellement à la logistique : appartements loués, voitures avec chauffeurs et accompagnatrices. Pour cela, il avait recours aux services d’une « consultante en communication » (!), laquelle lui fournissait sur demande et sur mesure une brigade de jeunes étudiantes répondant à quatre critères : être jolies, maîtriser l’anglais, être discrètes et savoir servir le thé et le café. C’est tout ? C’est tout. Pierre Falcone jure qu’il n’y avait rien de plus, même si affinités et même si les hôtesses n’étaient pas spécialement farouches. En échange, Monsieur Pierre rémunérait généreusement les belles en cash et cadeaux divers. Quant aux délégués angolais, manifestement, ils en redemandaient.

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On n’en saura pas plus en vérité. Car ce procès, à la suite d’un accord passé entre Paris et Luanda, n’abordera pas jusqu’à sa conclusion les vrais sujets qui fâchent. Ni le chef de l’État angolais, ni aucun membre de sa famille ou de son entourage proche ne seront jetés en pâture aux échotiers du Palais de justice. Une omerta à forts relents d’intérêts français dans l’offshore profond qui vaut aussi, d’ailleurs, pour une autre histoire judiciaire franco-africaine : l’affaire Borrel, source de bien des tracas entre Paris et Djibouti. Depuis que la veuve du magistrat a été reçue par Nicolas Sarkozy pour s’entendre dire, en somme, qu’il ne voulait pas être mêlé de près ou de loin à ce dossier, on considère à l’Élysée que le problème est réglé. Reste donc à sourire des anecdotes et des remugles de l’Angolagate, quasi quotidiens et pas toujours ragoûtants. À l’époque où il régnait sur les cuisines de la Françafrique, le petit père Foccart s’occupait lui aussi, dans le détail, des menus soucis d’intendance de ses hôtes africains. Mais ça avait tout de même une autre classe !

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