Le début du siècle

Publié le 27 janvier 2009 Lecture : 3 minutes.

Bienvenue en 2009. Une belle année à tous donc, bonne santé et tout et tout…

Et de la chance surtout, du flair. Et de la capacité de survie.

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Les nuages sont lourds, ça sent l’orage, la tempête et les bouleversements.

L’économie mondiale ressemble à une voiture de course après un choc frontal à 300 km/h. Le système global est au bord de la banqueroute. L’humanité est surendettée. Les financiers ont fait sauter la banque. Pendant vingt ans, les riches ont surconsommé. Pendant vingt ans, on a financé la croissance par le crédit. On a fait croire aux classes moyennes que la perte des revenus pouvait être ­compensée par l’endettement. On a prêté, à taux variable, à des gens au bord de la pauvreté. Les « initiés » se sont gavés. On a titrisé, revendu et refourgué. On a créé du « toxique » par milliers de milliards. Les Bourses se sont enflammées. On s’est acheté des yachts de 100 mètres, des immeubles à Londres, des palaces à Saint-Barth. La Russie était redevenue une grande puissance, la Chine un grand dragon et Hugo Chávez une grande gueule. L’Iran se voyait au cœur du Moyen-Orient et Dubaï au cœur du monde.

Tout ce beau rêve s’est fracassé en quelques semaines. Des géants ont fait faillite. Des hommes d’affaires se sont suicidés. Les milliardaires sont presque à la rue. Dans les usines, on vire à tour de bras, et le chômage explose. La toute-puissante Amérique imprime des billets verts à la pelle pour sortir de la nasse. Son industrie automobile est à la casse, Wall Street est en deuil, et les prix de l’immobilier ont traversé le plancher. À Hong Kong, les quais des ports sont vides. La Chine souffre et le mécontentement gronde. En Espagne, les villas et les immeubles et les golfs ne valent plus rien ou presque. En Angleterre, les banques sont à genoux, le trésor de l’État est à sec. En Afrique, on se dit qu’on est loin, mais avec une tempête comme ça, loin, c’est encore trop près…

L’ampleur de cette crise est impressionnante. D’abord, parce qu’elle révèle un système d’avidité généralisée et de corruption presque suicidaire. Ensuite, parce qu’elle infecte ce que l’on appelle l’économie réelle et tuera au passage les plus fragiles. Enfin et surtout, parce que l’on sent que derrière tout cela, il y a juste… la fin d’un monde. Le crash de 2008, c’est aussi les ravages de la spéculation sur les matières premières et les produits alimentaires. C’est aussi la prise de conscience du désastre écologique qui nous menace tous, nous et nos enfants. C’est la prise de conscience que les pays riches sont moins riches, que les pays émergents le sont vraiment et que le développement des pays pauvres n’est pas un problème de morale collective, mais de sécurité collective. C’est la prise de conscience que la mondialisation, ce n’est pas juste l’expansion infinie, c’est aussi un risque généralisé et un besoin de gouvernance globale.

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Tout cela explose à la figure de nos gouvernants et de nos élites, au moment où les caisses sont vides. On dit souvent que le XXIe siècle a commencé le 11 septembre 2001. Je crois qu’il a surtout commencé en octobre 2008, quand le système est arrivé au bout de sa course folle, quand l’on s’est rendu compte que nous avions effectivement une humanité à réinventer, quand un métis du nom de Barack Hussein Obama a pris les rênes de la plus grande puissance du monde…

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