So original
Ambassadeur du brakka, le chanteur congolais So Kalmery propose un nouvel album décliné sur ce rythme tonique méconnu. Entre hip-hop, blues et reggae.
Il affiche une attitude affable, parle avec douceur. So Kalmery n’est pas de ces hommes pressés par une quelconque urgence. Sur la tête, il porte un petit chapeau avec des dessins évoquant l’art pictural des aborigènes d’Australie. Il lui a été offert là-bas. L’Australie ? Une étape pour ce voyageur impénitent né en 1955 à Bukavu (RD Congo).
Depuis quelques années, So Kalmery est installé à Basse-Terre (Guadeloupe). Avant l’Australie, il a vécu à Paris, rejoint en 1982, et plus en amont, en Zambie, au Kenya, en Tanzanie, en Ouganda… Le gaillard a entamé son périple dès l’enfance. Avec une idée fixe : « Je cherchais le lieu où pouvait reposer mon père, un proche de Lumumba, assassiné comme lui, et dont on n’a jamais retrouvé le corps. »
« À 10 ans, je connaissais déjà la guerre. J’y ai laissé une rotule dans une explosion. Je ne pensais pas que je serais un jour musicien. » Et encore moins chanteur professionnel, révélé sur les scènes internationales dans les années 1990 comme l’ambassadeur d’un rythme méconnu, le brakka. « Personne ne peut dire d’où vient le brakka. Le mot décomposé, en swahili, signifie “commencement” (bra) et “infini” (ka). Cette musique a toujours existé dans la région des Grands Lacs. C’était une sorte de hip-hop, une musique de quartier, pas enregistrée. »
Avant son premier album, Brakka, sorti chez CBS en 1990, il n’y avait aucune trace discographique de ce son-là. Dans cette musique à la rythmique évoquant blues, reggae ou rock et dont les voix rappellent certains caractères vocaux d’Afrique australe, So Kalmery peut intégrer un didgeridoo, l’instrument emblématique des aborigènes australiens, ou un oud, le luth arabe.
S’il tient à ses vertus dansantes, le chanteur souhaite aussi que son brakka incite à réfléchir. Enregistré avec des compagnons d’aventure bien choisis (dont Daby Touré, Patrick Bebey, Aziz, ex-chanteur de l’Orchestre national de Barbès…), Brakka System, son quatrième album, dit ce qui lui pèse sur le cœur, notamment les exactions commises aujourd’hui au nom de la rébellion dans son pays, qu’il rapproche de celles des tontons macoutes, en Haïti, sous le régime de Duvalier.
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