Images d’Afrique
Après deux décennies passées à fournir au continent des émissions clés en main, l’ex-banque de programmes CFI profite de ses 20 ans pour transférer ses compétences.
À l’époque, le DVD n’existait pas, la France ne comptait que six chaînes de télévision et le numérique n’en était qu’à ses balbutiements. Se pencher sur le berceau de Canal France International (CFI), qui souffle cette année ses vingt bougies, c’est un peu comme remonter à la préhistoire du petit écran… avec une question lancinante : à l’heure des bouquets satellites et de l’émergence du concept de diversité culturelle, quelle est encore la vocation de cette structure conçue pour faire la promotion de la culture française dans le paysage audiovisuel africain ?
« Cet anniversaire est avant tout l’occasion de donner une nouvelle orientation à une entreprise qui a connu un parcours mouvementé », répond Étienne Fiatte, son directeur général. « La société va désormais se spécialiser dans la modernisation des médias du continent, en développant ses activités de conseil et de formation », poursuit-il, preuves à l’appui. « Pour la première fois, en 2009, nous sommes financés par les crédits réservés à l’aide publique au développement, et non à l’audiovisuel extérieur français. Nous entrons, en quelque sorte, dans la famille de l’Agence française de développement [AFD] ». Avant de faire ce choix, CFI s’est toutefois beaucoup cherché.
Créé en janvier 1989, l’opérateur a d’abord été conçu comme une banque de programmes destinée à alimenter les télévisions publiques africaines en émissions diffusées sur les canaux hexagonaux, avant de se muer en véritable chaîne de télévision.
Relancer la création
CFI TV naît en 1994, grâce à la volonté d’Édouard Balladur, alors Premier ministre, de doter la France d’une sorte de TV5 exclusivement française. Mais l’aventure tourne court. En 1997, le retour au pouvoir de la gauche, qui préfère privilégier les projets francophones, puis la réélection de Jacques Chirac à la présidence de la République, en 2002, ont raison de ses ambitions. Au début de son second mandat, Chirac préfère en effet relancer la création d’une chaîne française d’information internationale, qui débouche sur la naissance de France 24, quatre ans plus tard.
Faute de crédits, CFI est alors contraint de revenir à sa première vocation, doté cependant d’une nouvelle philosophie : le transfert de compétences et la coopération. Un créneau sur lequel l’opérateur entend aujourd’hui monter en puissance, pour se fondre dans un environnement médiatique international en pleine recomposition.
« L’offre de programmes s’est enrichie. Désormais, la priorité n’est plus tant d’alimenter les chaînes africaines en émissions que de les responsabiliser en les aidant à se mettre à niveau », confirme Fiatte. Déjà partenaire de 70 télévisions au sud du Sahara, CFI pourrait s’offrir, pour ses 20 ans, une intéressante reconversion. Malgré un budget qui a chuté de plus de 25 % en dix ans…
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