Le Maghreb échappe au marasme
Le marché publicitaire progressera de plus de 10 % dans les trois pays en 2009. Les grandes marques locales montent en puissance malgré la flambée des tarifs.
Même par temps de crise, le marché de la publicité au Maghreb n’a pas besoin de se faire de la pub pour se vendre. Au contraire. À 691,3 millions de dollars en 2008 (+ 11 %), il est en plein essor. Et il connaîtra encore une croissance de 11,2 % en 2009, alors que les investissements publicitaires dans le monde devraient stagner (– 0,2 %). Avec l’Amérique latine (+ 14,9 %), le Maghreb sera ainsi l’une des rares zones de forte croissance de la publicité. Sans la crise actuelle, qui se fait sentir par l’annulation de budgets par des marques internationales, le marché de la publicité dans les trois pays de la rive sud de la Méditerranée aurait même augmenté de 15 % à 18 % en 2009. La création de deux nouvelles chaînes généralistes au Maroc, les énormes succès d’audience des productions internationales (Endemol…) et la reprise de Nesma TV en mars 2009 en Tunisie, ainsi que le dynamisme du marché algérien de la publicité en phase de rattrapage (+ 12 % par an depuis cinq ans) expliquent la très bonne résistance du marché publicitaire maghrébin. Dans cet environnement favorable, le marché marocain, qui a atteint 447 millions de dollars l’an passé tous médias confondus, devrait progresser de 10 % en 2009. Celui de la Tunisie (92,3 millions de dollars en 2008) augmentera de 12,9 %, et le marché algérien (152 millions) progressera de 12,8 %.
La téléphonie demeure largement en tête des annonceurs, avec 30 % du marché. Le secteur de l’alimentaire (25 %) arrive en seconde position. Très loin devant la banque/finance (11 %), l’hygiène/cosmétologie (6 %) et l’automobile (3 %). De fait, Orascom Telecom, Mobilis (Algérie), Tunisiana, Wana, Maroc Télécom et Méditel demeurent les plus importants acheteurs d’espaces dans les médias. Le retour en force de la publicité alimentaire, portée par une consommation soutenue, est largement dû aux investissements de Danone dans tout le Maghreb et au groupe Mabrouk en Tunisie, leader de la distribution (Géant, Monoprix…). Avec 14,8 millions de dollars consacrés à la publicité télévisée en 2008, le groupe agroalimentaire français est même le deuxième annonceur du Maghreb. Et le groupe Mabrouk est désormais le premier annonceur tunisien sur les écrans (10,2 millions de dollars en 2008) devant… Danone (6,5 millions) et Orascom Telecom Tunisiana (5,8 millions).
La percée de Mabrouk, la première place de Wana au Maroc, et le deuxième rang occupé par Cevital en Algérie comme annonceur télé témoignent de la montée en puissance des groupes maghrébins dans la pub. « En fréquentant étroitement les grandes marques à travers des partenariats industriels, de distribution ou de licence, les groupes locaux ont compris comment fonctionnent les multinationales et ils adoptent leurs pratiques. C’est une tendance de fond qui explique leur succès et renforce leurs positions », analyse Hassen Zargouni, directeur général de Sigma Conseil, à l’origine de l’étude qui sera présentée à partir de la fin de janvier. Mais l’essor du marché publicitaire a également un revers : l’envolée des tarifs de diffusion, notamment en télévision, qui draine 49 % des budgets. En Tunisie, l’investissement moyen par annonceur est passé de 110 000 euros à 237 000 euros entre 2004 et 2008. « En cinq ans, les budgets en Algérie ont été multipliés par trois et le nombre d’annonceurs divisé par deux. Être annonceur à la télévision, c’est désormais appartenir à un club de riches », assène Hassen Zargouni.
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