Un discours (aussi) pour l’Afrique

Publié le 28 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

Une allocution dense, sérieuse, à laquelle tous ceux pour qui l’Amérique avait perdu son âme et son message pendant les années Bush ne peuvent que souscrire : telle est l’appréciation juste du discours d’investiture de Barack Obama, bien loin des effets galvanisants et parfois hypnotiques du « Yes, we can », mais au plus près de la crise majeure qui secoue la planète.

« Notre pays est en guerre contre un réseau de violence et de haine », rappelle Obama, sans citer, mais chacun l’aura compris, Al-Qaïda et ses affidés, dont l’ombre se profile derrière « ceux qui veulent faire avancer leur cause en massacrant des innocents ». Mais là où l’Amérique d’hier exaltait le choc frontal – belliqueux – des civilisations et la croisade des néocons, dont elle était à la fois la tête et le bras séculier, le nouveau président considère comme faux « le choix entre la sécurité et nos idéaux ».

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L’arrogance cède la place à l’humilité : « Notre puissance, seule, ne peut nous protéger, pas plus qu’elle ne nous autorise à faire ce que nous voulons. […] Notre sécurité vient de la justesse de notre cause. » Le constat limpide que les États-Unis sont devenus une nation métissée, « une nation de chrétiens et de musulmans, de juifs, d’hindous et de non-croyants », induit tout naturellement une conception enfin sereine des rapports avec l’islam : « Avec le monde musulman, nous cherchons une nouvelle voie vers l’avenir, fondée sur le respect réciproque et l’intérêt mutuel. » Des mots simples pour énoncer une vraie révolution des mentalités.

Quant à l’Afrique, l’Afrique des capitales et des « tout petits villages comme celui où mon père est né », elle a été très présente dans ce discours historique du 20 janvier, et pas seulement par l’omnivisibilité des visages noirs – dans l’entourage d’Obama, au sein de la parade qui a suivi et partout dans la foule massée sur le National Mall, à Washington. « Sachez que l’Amérique est l’amie de toutes les nations et de chaque homme, enfant et femme qui recherche la paix et la dignité. […] Peuples des nations pauvres, sachez que nous nous engageons à vous aider pour que vos fermes prospèrent et que coulent des eaux pures, pour que les corps qui ont faim et les esprits affamés soient également nourris. »

Une approche très humanitaire, certes, semblable à celle des ONG, mais qui n’exclut pas ce qui suit : « À ceux qui s’accrochent au pouvoir par la corruption, la tromperie et en écrasant l’opposition, sachez que vous êtes du mauvais côté de l’Histoire. Mais que nous vous tendrons la main, pour peu que vous desserriez le poing. » Une phrase qui, à n’en pas douter, sera interprétée comme un signe d’espoir par tous les démocrates du nord au sud du continent. Et comme un avertissement, encore sans frais, par les autocrates. En première ligne : Robert Mugabe et Omar el-Béchir, dont Susan Rice, la nouvelle représentante américaine auprès de l’ONU, vient de rappeler qu’ils étaient des cibles prioritaires.

D’autres suivront-ils ?

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