United Colors of America

Publié le 27 janvier 2009 Lecture : 3 minutes.

Depuis le 20 janvier, la Maison Blanche accueille pour la première fois une famille à l’image de l’Amérique. Une famille née de l’esclavage et de l’immigration. Washington n’appartient plus seulement aux Wasp (White Anglo-Saxon Protestant) profilés pour devenir présidents de père en fils. Même si les communautarismes ont la vie dure, le mythe populaire du melting-pot vient de subir une cure de jouvence.

Jurant sur la bible utilisée par Abraham Lincoln en 1861, Barack Obama a prêté serment entouré de sa famille proche : Michelle, sa femme, et ses deux filles, Malia Ann et Sasha. Sidérés par le fait qu’un métis préside enfin aux destinées des États-Unis, plus de quarante-cinq ans après le fameux discours de Martin Luther King, la plupart des commentateurs sont restés braqués sur cette identité mixte réduite à une équation simple : père kényan, mère américaine.

la suite après cette publicité

En réalité, comme le souligne le quotidien américain The New York Times, la famille qu’Obama porte en lui et installe avec lui à la tête de la première puissance mondiale est issue d’une équation bien plus complexe. Chez les Obama, en suivant jusqu’au bout les fils de la généalogie, on parle l’anglais, l’indonésien, le français, le cantonais, l’allemand, l’hébreu, le swahili, le luo, l’ibo, mais aussi le créole des Gullah, qui vivent en Caroline du Sud et en Géorgie…

Tout le monde connaît la très médiatique grand-mère du président, qui vit à Nyang’oma Kogelo, dans la province de Nyanza (Kenya), et nul n’ignore que Barack Obama Sr a eu plusieurs autres enfants après s’être séparé de Stanley Ann Dunham, la mère de Barack Jr. Demi-frère d’une flopée de Kényans, Obama est aussi le beau-fils d’un Indonésien, Lolo Soetero, et le beau-frère d’un Sino-Canadien, puisque Maya, sa demi-sœur, a épousé Konrad Ng, un professeur de l’université de Hawaii dont les parents étaient des Malais d’origine chinoise. Vous suivez toujours ?

Attention, ça se complique encore si l’on regarde du côté de sa femme. Aucun doute à ce sujet : la belle Michelle, née Robinson, n’est pas issue de l’immigration, mais de l’esclavage. Son arrière-arrière-grand-père, Jim Robinson, était un esclave dans la plantation Friendfield, à Georgetown, en Caroline du Sud, où il devait être employé à l’assèchement des marais et au ramassage du riz.

La nouvelle première dame, qui connaît bien Georgetown où elle compte de nombreux cousins, n’a appris cet aspect de son passé qu’au cours de la campagne présidentielle…

la suite après cette publicité

Elle sait en revanche depuis longtemps qu’un de ses cousins est rabbin. Élevé dans la foi chrétienne, Capers Funnye Jr s’est en effet converti très jeune au judaïsme pour devenir le premier Africain-Américain membre du Chicago Board of Rabbis. Il se murmure aussi que, selon un recensement de 1910, il y aurait des « mulâtres » dans la famille Robinson… Michelle pourrait donc avoir un ou plusieurs ancêtres blancs !

« Je ne pense pas que la Maison Blanche ait toujours reflété les couleurs et les saveurs de ce pays », a un jour glissé Maya Soetoro-Ng. Les choses changent, bien que fort lentement. Pour ne parler que des mariages mixtes, ils ne représentent aujourd’hui qu’environ 5 % des unions aux États-Unis.

la suite après cette publicité

Il a fallu attendre l’arrêt rendu par la Cour suprême contre l’État de Virginie, en 1967, pour que Mildred et Richard Perry Loving – elle était métisse, il était blanc – soient légalement considérés comme mari et femme. Cette année-là, Barack Obama allait avoir 6 ans. Sa mère s’était séparée de son père kényan, et il vivait en Indonésie.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires